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A bonne école...
Anne Plantagenet   Le Prisonnier
J'ai lu 2011 /  5.60 € - 36.68 ffr. / 125 pages
ISBN : 978-2-290-02288-7
FORMAT : 11cm x 18 cm

Première publication en août 2009 (Stock)
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«Je sortirai mort de cette pièce mais toi, Julia, tu seras plus vivante que jamais. Vivante, enfin». Dans ce roman court et prenant, Anne Plantagenet utilise comme elle nous y a accoutumé (avec entre autres trois biographies, remarquées) une trame historique mais la fiction déborde de toutes parts le texte, donne profondeur et force à la mise en scène d'un huis-clos inattendu : celui qui met en présence Julia, petite institutrice de dix-neuf ans ravagée par son grand chagrin, sa rage indépassable, et un prisonnier célèbre qu'on appelle Papa et que les jeunes gars du coin viennent d'attraper en fort mauvais point au terme d'une traque acharnée.

L'école rudimentaire a été choisie, dans ce hameau de montagne isolé, pour y remplir le rôle de cellule provisoire, le temps de savoir ce qu'il adviendra du maquisard qui fait si peur, et c'est tout naturellement que les chasseurs inquiets ont chargé Julia d'empêcher l'homme de mourir immédiatement – pour que la capture n'ait pas été inutile. Comme les autres, pourtant, elle a peur de Papa. Mais elle n'a pas le choix, et ils ont une nuit pour s'apprivoiser, pour confronter leurs enfermements et en chercher l'issue.

Cela n'a rien de simple ; et le défi relevé par l'auteur ne l'est guère plus, car l'idée que les murs, en se dressant autour de l'individu, le circonscrivent à l'intérieur de sa bulle close au moins autant qu'ils le laissent à l'extérieur du monde, cette apparente évidence de la marginalisation, est difficile à retranscrire sans maladresse ni didactisme. Pourtant, A. Plantagenet a pris la main avec succès et sa plume décrit le vertige de l'isolement avec une économie de moyens qui confine à la virtuosité, tant l'essentiel est toujours parfaitement conservé, et parfaitement débarrassé de tout ce qui pourrait l'alourdir, l'entacher d'un vague romantisme adolescent. Les phrases sont parfois courtes, souvent longues et hachées, brisées en tout petits morceaux par des virgules, des points et la difficulté à communiquer ; alors des retours sur ce que l'on vient d'énoncer, des corrections mineures, des obsessions viennent casser le rythme de la diction et la pensée se trouve prise dans ce monologue fragile, ce regard qui revient toujours lécher le contour des plaies mais ne peut, n'ose s'y confronter directement.

Abel dans le cœur, une balle dans la jambe, leurs situations sont différentes mais suffisamment ressemblantes pour que le soliloque délirant puisse trouver une échappatoire et se métamorphoser en dialogue. Celui d'une petite Bolivienne abandonnée et d'un Che trahi. Car aucune indication précise de lieu, de temps, aucun nom de personnage ne vient l'étayer, l'hypothèse selon laquelle Papa est le guérillero le plus connu de tous les temps ne peut souffrir le moindre doute. Mais qu'importe, puisque c'est Julia, c'est l'héroïne, qui sortira vivante de la salle de classe... L'auteur a choisi les yeux de la jeune fille percluse de solitude pour explorer ceux de l'homme à terre, pour s'y refléter et s'y découvrir au cours d'une nuit unique ; le pari est cent fois gagné, avec ce Prisonnier troublant et magnifiquement écrit.


Aurore Lesage
( Mis en ligne le 25/07/2011 )
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