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Fin de route
Adam Thirlwell   L'Evasion
Seuil - Points 2011 /  7,50 € - 49.13 ffr. / 379 pages
ISBN : 978-2-7578-2165-7
FORMAT : 11cmx18cm

Première publication française en janvier 2010 (L'Olivier)

Traduction d'Anne-Laure Tissut

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L'Evasion nous conte un des derniers épisodes de le vie mouvementée de Raphaël Haffner, juif londonien de 78 ans, séjournant pour une durée indéterminée dans un hôtel thermal quelque part au centre de l'Europe, dans le but de récupérer l'héritage de sa femme, une villa passée, au cours de l'histoire mouvementée de la région, des mains des nazis à celles des communistes. Alors que sa vie touche à sa fin, et que son corps présente largement les stigmates d'une déchéance irréversible, Haffner se retrouve confronté à tous ses démons, comme dans un finale d'opéra.

Et ses démons, ce sont d'abord les femmes, qui se sont, sa vie durant, pressées autour de lui. Aujourd'hui encore, il doit compter avec trois d'entre elles : Frau Tummel, femme mariée d'une cinquantaine d'années, qui le poursuit de ses assiduités ; Zinka, de cinquante ans sa cadette mais dont il est, sans doute pour la dernière fois, tombé amoureux ; son épouse Livia enfin, aujourd'hui décédée, mais dont le souvenir ne le quitte pas. Un autre des problèmes qui le taraudent encore est celui de son identité : lui qui n'a jamais bien su que faire de sa judéité, jamais totalement assumée, comprend mal son petit-fils Benjamin, son double autant que son contraire, parti vivre en Israël pour y retrouver la foi délaissée par ses ancêtres, et qui vient de le rejoindre dans cet hôtel au fin fond de la Mitteleuropa pour l'aider à régler ce problème d'héritage. Et voilà qu'Haffner, qui avait saisi ce prétexte pour s'évader - enfin - de sa propre vie, se retrouve une dernière fois face à toutes les contradictions qui avaient jusqu'ici rythmé son existence, avec pourtant la certitude, cette fois-ci, de trouver la liberté.

Nous avions été charmés par le premier roman d'Adam Thirlwell, Politique, qui comme son titre ne l'indiquait pas, évoquait les tourments existentiels et les affres sexuels de trois trentenaires tentés par le trio amoureux. Plus que le fond du roman, un tantinet provocateur mais pas assez pour être révolutionnaire, c'était sa forme qui, par son originalité, semblait ouvrir les pistes d'un renouvellement du genre romanesque : les incursions régulières de l'auteur dans le roman pour commenter les actions et réflexions de ses personnages - comme si une fois lancée, l'action de ses héros se déroulait indépendamment de la volonté de leur créateur -, les anecdotes concernant des célébrités historiques évoquées pour illustrer les émois sentimentaux des protagonistes ou même des scènes franchement triviales, le maniement constant d'une ironie légère et souriante enfin, contribuaient à donner une fraîcheur particulière au roman.

Le même pari semble avoir été pris ici, mais il se révèle seulement à moitié tenu, car si l'humour et l'ironie sont toujours présents, si l'empathie avec le personnage d'Haffner fonctionne suffisamment pour nous le rendre attachant bien que - ou parce que - risible, l'entreprise de Thirlwell échoue au niveau stylistique. Autant les raccourcis historiques de Politique étaient réjouissants, autant les retours récurrents dans le passé d'Haffner sont ici laborieux ; si comme dans Politique les aphorismes savoureux ne manquent pas, ils ne sont cependant pas suffisants pour dissiper l'impression que l'ensemble n'est pas très bien écrit. Quant aux invitations de l'auteur dans le récit, qui ajoutaient à la désinvolture rafraîchissante de Politique, elles paraissent dans L'Evasion, même en étant beaucoup moins nombreuses, peu nécessaires, voire artificiellement plaquées.

Ces réserves faites, Adam Thirlwell reste un auteur particulièrement prometteur de la nouvelle littérature d'outre-manche, dont on peut espérer qu'il nous surprendra encore.


Natacha Milkoff
( Mis en ligne le 14/03/2011 )
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