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Veilleurs de chagrin
David Foenkinos   Les Souvenirs
Gallimard - Folio 2013 /  6,95 € - 45.52 ffr. / 290 pages
ISBN : 978-2-07-045031-2
FORMAT : 11,0 cm × 18,0 cm

Première publication en août 2011 (Gallimard - Blanche)
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«Cette question de la grande vieillesse. Que veulent les vieux ? Ils s’isolent lentement, sur ce chemin qui les conduit à la blancheur. Tout ce qui fait la matière des conversations disparaît. Et on est là comme des veilleurs de chagrin». Avec sensibilité et finesse, David Foenkinos raconte son grand-père et la mort de celui-ci, puis sa grand-mère, restée seule et bientôt placée, pour la «protéger», dans une maison de retraite par ses fils, le père du narrateur et ses oncles.

Trois générations, le petit-fils n’a rien à dire dans ce choix qu’il réprouve, lui qui sait la réserve de fantaisie et d’imagination de sa grand-mère, sa détestation de la maison de retraite, de ses résidents, son horreur de l’enfermement de la vieillesse. Mais aussi lui qui constate l’impuissance des sexagénaires perdus entre travail et retraite, à l’étroit dans leur vie comme dans leurs lieux. Le narrateur évoque ses souvenirs d’enfance avec un grand-père fantaisiste, original, qui l’emmenait voir Guignol et savait l’amuser, et les mots qu’au soir de sa vie il n’a su prononcer. Au fil des souvenirs du narrateur défile chacun des membres de la famille, le couple des grands-parents, celui des parents qui ne se supportent plus à la retraite ; couple réuni sur une phrase audacieuse prononcée par le père, jeune à l’époque : «Vous êtes si belle que je préfère ne jamais vous revoir» ; seule audace de cet homme qui a vécu la vie calme et sans histoire d’un cadre bancaire, marié à une femme professeur d'histoire en collège. Des souvenirs qui varient au cours du récit : ainsi les deux versions de la rencontre des grands-parents : laquelle est la juste ? «Mes grands-parents se sont rencontrés dans un bal» ou plus loin, la rencontre dans un hôpital de guerre, en 1940, au chevet de l’arrière-grand-père... Peu importe au fond, ce qui compte, ce sont les souvenirs, ceux que l’on se construit ; il nourrissent notre imaginaire qui les a convoqués.

Souvenirs du narrateur parmi lesquels il intercale, en italique, des souvenirs qu’il attribue à différents personnages, réels ou non, connus ou anonymes ; ainsi un souvenir de Marcello Mastroianni, dans un recueil d’entretiens de 1996, avec cette phrase qui éclaire le livre : «Les souvenirs sont une espèce de point d’arrivée ; et peut-être sont-ils aussi la seule chose qui nous appartient vraiment». La trame du récit : savoir dire à ses proches qu’on les aime, ; le narrateur n’a pas pris le temps de le dire à son grand-père, il s’en souvient en entourant sa grand-mère, sans doute plus à l’aise avec les générations aînées qu’avec ses contemporains - même la jolie Louise, mère de son fils Paul -, et à peu près incapable de communiquer avec ses parents - à moins que ce ne soit l’inverse.

Le texte est tendre, et drôle aussi, plein de surprises. Contre le chagrin inévitable de la disparition des gens qu’on aime : un recours, l’humour, politesse du désespoir ; savoir aussi retomber en enfance comme le narrateur et sa grand–mère, rester à la fois tendre et impertinent, prendre la vie avec une désinvolture élégante, mêler de façon inextricable le sentiment d’une profonde détresse et l’urgence d’en rire.

David Foenkinos poursuit avec un grand talent son œuvre originale, dans le registre de l’auto-fiction mais avec une distance amusée. Son écriture est belle, qui nous promène entre passé et présent, sur le registre de : rien n’est vraiment grave… quoique…


Marie-Paule Caire
( Mis en ligne le 09/01/2013 )
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