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| Poches -> Littérature |
| Marie Darrieussecq Clèves
Gallimard - Folio 2013 / 6.95 € - 45.52 ffr. / 336 pages
ISBN : 978-2-07-045090-9
FORMAT : 11,0 cm × 17,8 cm
Première publication en août 2011 (P.O.L)
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Un titre qui fait penser à la princesse... et se passe dans un tout autre univers : un petit bourg, 2500 habitants, (du pays basque ?), il y a une trentaine d'années ; mais somme toute l'histoire est intemporelle. Marie Darrieussecq a choisi de raconter le passage d'une fillette de la petite enfance à l'adolescence, autour des premières règles. Règles, réalité biologique, mais ''règles'' peut aussi ici s'entendre dans un autre sens : celui des lois non écrites mais puissantes qui régissent toute cette micro-société villageoise.
En scène : Solange, la petite héroïne, élève en CM2 au début du récit, ses parents, ses amies et ses ennemies, leurs familles, le monde de l'école, celui des garçons, le voisin Monsieur Bihotz qui la garde souvent, curieuse nounou. Tout ce monde s'aborde, s'affronte, se jauge, s'aime ou se déteste selon des règles précises, connues de tous et toujours implicites. Règles qui renvoient à l'art de la société de cour décrite par Madame de Lafayette... Somme toute, ''Clèves'' est aussi un clin d'oeil savant adressé à ceux qui comprendront l'allusion. «Le père de Rose descendait une minute dire bonsoir. Il faisait toujours une plaisanterie sur Rose et elle, les princesses de Clèves, avec un air malin et personne ne savait quoi dire». Marie Darrieussecq joue volontiers de cette connivence avec des lecteurs plus savants ou plus au fait que d'autres, qui repèrent dans un texte d'une banalité souvent confondante quelques signes qui renvoient à univers romanesque et littéraire plus élaboré.
Trois parties pour décrire cette éducation assez peu sentimentale : Les avoirs, le faire, le refaire. Tout tourne ainsi autour de la seule chose intéressante : l'accès à la féminité, au sexe et au-delà... Pas de chapitres, mais des paragraphes de tailles inégales.
Observée de façon quasi entomologique par l'auteur, Solange, que l'on suit sur quelques étés, passe son temps à décrypter un monde qu'elle ne comprend qu'imparfaitement, à slalomer entre malentendus et quiproquos, guère aidée par ses parents. Aussi l'essentiel de son information passe-t-il par les amies, la cour de récré, les petites histoires, et l'expérience sur le terrain : «Nathalie lui dit que Raphael veut la doigter. Est-ce qu'elle doit accepter ?» Ligne suivante : «je ne sais pas si tu dois (répond-elle au hasard)».
Le tout donne un texte souvent cru au fil des diverses expériences de Solange : «La bite lui glisse hors de la bouche. il pousse une plainte - le renfourner. Un truc la gêne au fond du palais». Un des effets de style tient à la fragmentation du texte en paragraphes successifs (procédé qui n'a rien de neuf) ; pour le reste l'ensemble est plutôt indigent, à moins qu'on ne s'intéresse aux premiers émois et expériences sur le terrain d'une jeune adolescente. N'est pas Nabokov qui veut et moins encore Madame de Lafayette ! Un roman qui plaira sans doute davantage aux inconditionnels de Marie Darrieussecq qu'aux passionnés de littérature.
Marie-Paule Caire
( Mis en ligne le 10/06/2013 )
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