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Coup de poing américain
David Vann   Sukkwan island
Gallimard - Folio 2012 /  6.50 € - 42.58 ffr. / 200 pages
ISBN : 978-2-07-044552-3
FORMAT : 10,8 cm × 17,7 cm

Première publication française en août 2011 (Gallmeister)

Laura Derajinski (Traducteur)

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À ceux qui, en général, perçoivent l’annonce tapageuse du best-seller comme un répulsif plutôt que comme un incitant à la découverte, il faut dire ici de passer outre leur méfiance. Qu’ils pénètrent de plain-pied dans Sukkwan island, cette leçon de ténèbres venue d’outre-Atlantique et portée par un insoutenable crescendo, qui commence comme une dérangeante robinsonnade pour déboucher sur le cauchemar à l’état pur.

Le présupposé de l’histoire est extrêmement simple : au terme de la faillite de son deuxième couple, Jim, quadragénaire que l’on perçoit en recherche de lui-même, décide de s’isoler durant une année dans une île du sud-est de l’Alaska, pour un retour à l’authenticité des choses et une confrontation censée décisive aux rigueurs du réel. Il ne part cependant pas seul dans cette quête, puisque son fils de treize ans, Roy, l’accompagne, sans véritable enthousiasme mais animé d’un intérêt sincère envers les tourments intérieurs de son père.

La première partie du récit, qui en occupe près des deux tiers, décrit les aléas rencontrés d’emblée par le duo dans l’organisation de la survie. Dès leur installation, un ours vient saccager leurs précieuses provisions et leur habitat de fortune. Puis ce seront l’humidité et le froid, le sentiment croissant d’isolement, l’incommunicabilité entre l’adulte et le jeune garçon, le désespoir galopant de Jim face au point de non-retour qu’il pense avoir atteint dans sa vie affective et sexuelle, qui précipiteront le climax d’horreur marquant le passage au second acte. De cette transition, il est préférable de ne rien dire, afin de ménager l’impact qu’elle inflige au lecteur et la sidération qu’elle fait planer sur le reste du livre.

Signe des temps de crise : les lettres américaines seraient-elles en train de renouer avec un pessimisme foncier ? Le sentiment s’en impose en tout cas devant l’intégrale noirceur qui opacifie ce texte unique, jusqu’à son ultime phrase. Pas de rédemption ici, aucun héroïsme salvateur ni de moralisme même diffus ; et un dernier coup de pelle pour enterrer le mythe, ô combien fondateur aux États-Unis, de la «fronteer». Jim et Roy sont certes à leur manière des figures de pionniers, mais qui n’ont à explorer que le territoire de leur propre détresse, à travers les décombres d’une mutuelle incompréhension. C’est absurde, dérisoire et tragique tout à la fois, comme ne peuvent l’être que la grande littérature et la vie.


Frédéric Saenen
( Mis en ligne le 24/09/2012 )
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