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Cours, Jeanyf, cours !
Arnaud Le Guilcher   Ric-Rac
Pocket 2016 /  6,95 € - 45.52 ffr. / 254 pages
ISBN : 978-2-266-26312-2
FORMAT : 11,0 cm × 17,8 cm

Première publication en février 2015 (Robbert Laffont)
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Voici un nouvel opus d’Arnaud Le Guicher (Pile entre deux, Pas Mieux, En moins bien), un récit une fois encore déjanté mais attachant, où les personnages sont incroyables mais très bien décrits.

C’est l’été des quatorze ans de Jean-Yves, dit Jeanyf, le narrateur, ado solitaire mais passionné de foot et de course à pieds, et les vacances vont être animées. Il mesure un mètre trente et doit grandir de vingt centimètres pour intégrer à la rentrée un centre de formation pour jeunes footballeurs : ce n’est pas gagné !

Heureusement le Tonton, Jackyf, herboriste et rebouteux à la renommée locale, de mèche avec le pharmacien pour que ses herbes soient plus efficaces, va sûrement lui trouver un remède. Jeanyf vit avec son père dans une forêt près de La Sourle, village de vieux, du bout du monde, en retard sur la civilisation moderne. «Ni tout à fait au Nord de la Loire ni complètement au Sud». Sa maison, «le palais à Yvette», est un mausolée à la gloire de la maman trop tôt disparue. Le père, Pierryf, est marionnettiste et sculpte des pantins en bois, mais sa passion c’est Yvette qu’il peinturlure partout, complètement obsédé : «Et puis il a un look, mon vieux… Un look… Vu de loin, c’est le chaînon manquant entre un grizzli et Moustaki. Vu de près, comme il est pas bien grand on dirait une pelote en mohair». Pour couronner le tout, Jeanyf a un cousin, surnommé Soubirou depuis le temps où il avait des visions comme Bernadette. Il est devenu ce clochard céleste qui entre en contact avec les esprits ; il ressemble plus à un ours hirsute qu’à un être humain, sale et répugnant, flanqué d’une fiancée, Pocahontas, réplique fidèle d’un bison !

Le manoir voisin du palais à Yvette est acheté par de riches citadins tout de cuir noir vêtus. Ils ont une fille, Bessy, à l’apparence angélique mais en fait sadique, qui martyrise Jeanyf. Ils créent un gîte un peu spécial, «Le silo», sado-maso, pour adultes en mal de sensations fortes : être en laisse et aboyer, etc. Le clou du spectacle est la journée Portes Ouvertes pour les villageois qui ont du mal à comprendre ; pour le maire, c’est l’occasion de faire un discours : «il faut dire qu’il s’est lancé dans un exposé avec un thème bien casse-gueule : la Sourle, capitale mondiale de la libido».

Partant d’une situation banale, Arnaud Le Guilcher s’en donne à cœur joie, il fait surgir des grands moments de folie collective où les individualités s’entrechoquent ; les portraits sont au vitriol et imagés ; les situations, explosives et hilarantes, laissent pointer un peu de mélancolie, sur des vies foireuses vite balayées par l’humour. Le ton est celui d’un ado d’aujourd’hui, direct et simple, mais très bien maîtrisé, justement parce qu’il ne fait pas dans la dentelle.

Ric-Rac constitue un vrai feu d’artifice littéraire que l'on ne devrait pas rater si l'on aime rire !


Eliane Mazerm
( Mis en ligne le 14/09/2016 )
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