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La harde sauvage
Jean-Baptiste Del Amo   Règne animal
Gallimard - Folio 2018 /  8.30 € - 54.37 ffr. / 496 pages
ISBN : 978-2-07-276353-3
FORMAT : 11,0 cm × 17,9 cm

Première publication en août 2016 (Gallimard - Blanche)
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. À l'origine étaient un homme et une femme : «Le père» et la «génitrice». Début de conte ? Plutôt le commencement du récit d'une condamnation, sur lequel plane une promesse d'Apocalypse.

Sous la forme d'un diptyque saisissant (les deux premières parties se déroulant de 1898 à 1917 et les deux secondes en 1981), Jean-Baptiste Del Amo retrace l'histoire de cinq générations dans une exploitation familiale du Gers, destinée à devenir une porcherie industrielle : l'«agonie sans fin d'une ferme croulante, cernée par l'odeur, le hurlement des porcs et la barbarie des hommes».

Malgré le titre de la seconde partie («Post tenebra lux»), aucune lueur d'espoir ne met fin à l'horreur. Le cataclysme de la Première Guerre mondiale irrigue tout le roman. Violence, alcool, maladies, suicides, incestes : personnages et animaux se confondent, et le «règne animal» devient pour tous l'empire de la sauvagerie et de la cruauté. «Dans le même temps, dans le même lieu, hommes et bêtes naissent, vivotent et disparaissent».

Si l'enfance peut constituer un refuge où les rêves sont encore possibles, très vite l'innocence se dérobe. Ainsi l'aïeule confie à son petit-fils : «la multitude de petits ruisseaux vénéneux qui ont pu arpenter les veines de chacune des générations de notre lignée coule aussi dans les tiennes». Un tableau noir aux parfums zoliens... Peu à peu, tous deviennent des fantômes, incapables de se regarder dans un miroir. Ils croulent sous le poids de leur hérédité. Dégradés, ils errent dans la ferme et dans les champs, seuls, hébétés. Et encore moins libres que leurs bêtes.

Cette peinture naturaliste et prosaïque de la tristesse, de la misère et de la férocité de la vie est d'une rare violence. Peu de dialogues apparaissent dans cette famille où la tendresse et l'échange sont rares. À l'inverse, les inventaires détaillés se multiplient. De l'agonie des hommes à la décapitation des animaux, tout est exposé dans un style chirurgical, cru. Rien ne permet de relâcher la crispation du lecteur, entraîné dans ce monde atroce, abominable et haineux. L'atmosphère est lourde, sordide, volontairement pesante.

Et pourtant ! Le pessimisme puissant du récit, loin de nous assommer, nous enthousiasme par la précision, par la force, et par la beauté de l'écriture. Choqués, nous sommes aussi émerveillés. Les descriptions minutieuses sont à couper le souffle, et nous restons frappés par cette suite d'instants éphémères, où le temps est comme suspendu. Chaque geste, chaque détail, chaque brin d'herbe, font l'objet d'une poétique du quotidien qui nous enchante.

Jean-Baptiste Del Amo avait obtenu le Prix Goncourt du premier roman en 2009 pour Une éducation libertine.


Julie Malapert
( Mis en ligne le 16/05/2018 )
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