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Des textes à oublier ?
Dino Buzzati   Nouvelles oubliées
Robert Laffont - Pavillons poche 2018 /  12 € - 78.6 ffr. / 530 pages
ISBN : 978-2-221-22106-8
FORMAT : 12,0 cm × 18,3 cm

Delphine Gachet (Traducteur)
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Lire l'œuvre de Dino Buzzati (1906-1972), c'est comme se replonger dans un amour perdu, une amitié manquée, un voyage initiatique. Il y a toujours un moment où ceux-ci nous trottent dans la tête. Du coup, voir paraître quelques nouvelles inédites sous forme de recueil chronologique renvoie à ce plaisir des retrouvailles. Buzzati fait partie de notre vie. Parce qu'il est le témoin-conteur de celle-ci. Ce que nous ne voyons pas, il le découvre. Ce que nous ne voulons pas voir, il le met sous nos yeux en appuyant là où ça fait mal. Ce que nous ne voulons pas croire, il l'écrit sous une forme inquiétante. Et ce que nous voyons déjà, il l'illumine davantage. Une inquiétante étrangeté, dirons-nous, par laquelle la banalité de nos vies, la médiocrité des hommes, l'héroïsme anonyme, un fantastique qui pourrait advenir, un merveilleux qui reste commun, une rêverie qui devient un cauchemar, prennent tout leur sens.

En ouvrant un livre de Buzzati, on croirait feuilleter des pages qui s'écrivent au fur et à mesure qu'on les lit, tant le lecteur est projeté dans un quotidien proche, dans un univers banal où, d'un coup, la fracture donne le ton. Buzzati est un conteur hors pair, qui instille de sa plume l'idée obscure d'une bizarrerie, d'une étrangeté, voire du fantastique tout simplement ; la précision de ses nouvelles en prise avec un réel très concret est si saisissante qu'on voudrait tout voir s'éloigner. Lorsqu'on abandonne la lecture de Buzzati, après avoir fini l'une de ses nouvelles, on sait pertinemment que l'on va le retrouver quelques temps plus tard, comme pour se rappeler le bon temps passé.

Dans cette nouvelle publication de la très sérieuse collection Pavillon, qui nous régale assez régulièrement des écrits du génie italien, il est question de lire pour la première fois en français des nouvelles que l'éditrice a classées dans un ordre chronologique, en fonction des journaux dans lesquels elles ont paru en Italie : I sette messaggeri (1942), Paura alla Scalla (1949), Il crollo della Baliverna (1954), et Esperimento di magia (1968).

Comme toujours chez Buzzati, rêveur réaliste, le cadre est posé en quelques lignes, et la nouvelle se déroule comme une partition dûment élaborée. On s'attache aux personnages qu'il nous présente brièvement mais assez précisément pour se représenter une image fidèle ; ils nous entrainent dans leurs existences, celle peu reluisante d'un marginal ou celle chargée d'un riche cadre commercial. Tous deux vont vivre un passage de leur existence qui les changera profondément. Parfois l'écrivain se veut rusé et surprend le lecteur. La plupart du temps, il est ironique et lui écrase gentiment les pieds pour le faire réagir. Bon artisan conscient de son talent de conteur, Buzzati était un insatiable écrivain.

Curieusement, ces nouvelles, qui ne diffèrent pas des autres d'un point de vue stylistique, déçoivent par le manque de force émotionnelle. Est-ce pourquoi elles ont subi une longue attente avant de paraître ? Le lecteur n'est pas enchanté de terminer une nouvelle car l'auteur peine souvent à le surprendre. Du coup, la lecture devient plus laborieuse. Que manque-t-il à ce nouveau recueil pour que le lecteur renoue vraiment avec l'écrivain ? Peut-être cette grâce qui faisait de Buzzati l'un des meilleurs. Nous espérons que sur ces 500 pages, le lecteur puisera deux ou trois bons textes, qui certainement, y sont présents.

Ces Nouvelles oubliées sont donc plutôt destinées aux amateurs de l'écrivain italien. Les autres préfèreront ses grands classiques.


Jean-Laurent Glémin
( Mis en ligne le 03/12/2018 )
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