L'actualité du livre Vendredi 29 mars 2024
  
 
     
Le Livre
Poches  ->  
Littérature
Essais & documents
Histoire
Policier & suspense
Science-fiction

Notre équipe
Littérature
Essais & documents
Philosophie
Histoire & Sciences sociales
Beaux arts / Beaux livres
Bande dessinée
Jeunesse
Art de vivre
Sciences, écologie & Médecine
Rayon gay & lesbien
Pour vous abonner au Bulletin de Parutions.com inscrivez votre E-mail
Rechercher un auteur
A B C D E F G H I
J K L M N O P Q R
S T U V W X Y Z
Poches  ->  Littérature  
 

Conseils de lecture
Jean d\' Ormesson   Chroniques du temps qui passe
Pocket 2018 /  10 € - 65.5 ffr. / 704 pages
ISBN : 978-2-266-29040-1
FORMAT : 12,0 cm × 18,0 cm
Imprimer

Jean d’Ormesson (1925-2017) est mort le même jour que Johnny Hallyday (1943-2017). En l'espace de 24 heures, la littérature et la chanson perdaient deux ambassadeurs de la culture française. Et la musique a gagné haut la main son duel contre la littérature. L’art populaire a poussé par milliers les gens dans la rue pour rendre hommage au rocker. L’art absolu a réuni quelques élites aux Invalides pour célébrer le dernier écrivain français célèbre (il ne reste plus que Sollers...). Sauf que les mélomanes chantaient Johnny au passage du cortège funéraire. Qui avait lu d’Ormesson dans la cour des Invalides ? Pourtant, ce dernier affirmait avoir vendu des millions de livres durant sa longue carrière. Ces chroniques qui réunissent deux ouvrages publiés en 2007 et 2009 répondent peut-être à cette question. D’Ormesson, tout comme Hallyday, fut un interprète plus qu'un créateur. L’écrivain était brillant, le chanteur était doué.

Un critique littéraire a dit à la sortie d'Odeur du temps que c’était peut-être le meilleur livre de son auteur. C’est en fait un compliment ironique qui signifie que le reste ne vaut pas grand-chose. Et nous serions tentés de le suivre. De 1948 à 2009, Jean d’Ormesson a écrit des papiers littéraires dans divers journaux (Le Figaro, Figaro Magazine, Le Figaro littéraire, Madame Figaro mais aussi Art, Architectural Digest, Le Quotidien de Paris). Normalien, haut fonctionnaire, directeur du Figaro, d’Ormesson est avant tout un passionné de littérature et c’est cet engouement qui transparaît dans ces pages généreuses, enthousiastes, voire envoûtantes. D’Ormesson est un passeur d’émotions et de culture. Il ne souhaite pas que Chateaubriand, Proust, Aron, Foucault, Balzac, Mauriac, Aragon, Constant, Rimbaud, Montherlant demeurent des auteurs classiques que nous ne lirions plus. Il en fait des portraits très concis, jamais emphatiques, toujours en contact direct avec leur singularité. En même temps, il révèle ou ressuscite des auteurs moins bien classés (une chronique concerne la finale Lendl/McEnro 1984), voire oubliés comme Louÿs, Toulet, Haedens, Morand, Caillois, Mohrt, Nourissier, Yourcenar, qui lui ont procuré tout autant de plaisir esthétique. D’Ormesson s’efface doublement : en mettant en lumière ces auteurs prestigieux, et en les célébrant avec un style tout à fait accessible. C’est humble, honorable et très respectueux. Une certaine force littéraire se dégage de ces papiers critiques.

Ce qu’il y a de passionnant dans ces chroniques réunies dans un seul volume, c’est l’érudition et la passion qui se mêlent intimement, définissant par là-même presque tout projet littéraire. Le romancier se confond avec le professeur qui se confond avec l’amateur de grands textes. Chaque article est un voyage avec la littérature dans ce qu’elle a d’inessentiel et de profondément important. La polémique n’est pas le fort de Jean, le conseil de lecture lui est préférable. Du coup, ce quasi-manuel de littérature des XIXe et XXe siècle se lit comme une très honorable anthologie. En cela, il est difficile de relever des imperfections ou des fautes de goût. D’Ormesson, lecteur assidu, restitue le goût de l’absolu en des pages frénétiques, enjouées et parfois pédagogiques : ce livre est à conseiller pour des étudiants en lettres qui en apprendront davantage en parcourant de manière linéaire ces pages que sur les bancs des amphithéâtres de la Sorbonne.

La chronique littéraire est un genre à part entière ; il faut donc se plonger dans les derniers vestiges de la littérature française, lorsque, dans les années 60, 70 et 80, Aragon, Mauriac, Montherlant, Morand et Haedens remplissaient les étalages des librairies. Un monde définitivement enfoui. D’Ormesson, connu essentiellement pour ses romans autobiographiques, réussit cette digression avec beaucoup de talent. Il en fallait pour que le lecteur se plonge avec tant de plaisir dans ces presque 700 pages.


Jean-Laurent Glémin
( Mis en ligne le 25/02/2019 )
Imprimer
 
SOMMAIRE  /  ARCHIVES  /  PLAN DU SITE  /  NOUS ÉCRIRE  

 
  Droits de reproduction et de diffusion réservés © Parutions 2024
Site réalisé en 2001 par Afiny
 
livre dvd