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Poches -> Littérature |
| Stuart Palmer L'Enigme du persan gris 10/18 - Grands détectives 2004 / 7.30 € - 47.82 ffr. / 267 pages ISBN : 2-264-03698-2 FORMAT : 11x18 cm
Voir aussi:
Stuart Palmer, Quatre de perdues, 10/18 (Grands détéctives), janvier 2004, 248p., 6.90, ISBN: 2-264-03699-0.
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Lécrivain américain Stuart Palmer a connu la célébrité avec le récit des aventures dune détective amateur, Miss Hildegarde Withers, dans les années 1930 et 1940. Parmi ses quatorze romans, LEnigme du persan gris et Quatre de perdues sont aujourdhui réédités en France. Quoique délicieusement surannés, ces deux livres méritent lattention des amateurs de polars.
Miss Hildegarde Withers est une institutrice new-yorkaise célibataire, passionnée par les enquêtes policières, et fort mécontente des efforts de la police de son pays pour retrouver au plus vite meurtriers et voleurs. Tout en entretenant une relation amicale avec linspecteur Oscar Piper, elle nhésite pas à user de méthodes farfelues et à côtoyer le danger de très près afin de débusquer les malfaiteurs.
A la fois très pragmatique et peu consciente des risques encourus par ses méthodes, la vieille dame a une fâcheuse tendance à suivre ses instincts, et à ne reculer devant rien ni personne pour arriver à ses fins. Dans LEnigme du persan gris, nous la suivons dans une croisière vers lAngleterre au cours de laquelle une jeune fille disparaît sans laisser de trace. Une fois arrivés à Londres, les autres voyageurs décèdent les uns après les autres, et notre détective amateur devra se surpasser (après avoir surmonté son mal de mer ) pour déjouer les plans de ce mystérieux tueur en série
Dans Quatre de Perdues, lénigme policière est lancée par Miss Withers elle-même, suite à ses soupçons concernant la disparition à New York de nombreuses femmes dâge mûr ayant toutes séjourné dans un grand hôtel de luxe. Assistée de la nièce délurée dune des victimes, Hildegarde est prête à payer de sa personne pour arriver à ses fins, quitte à empiéter quelque peu sur les prérogatives de la police new-yorkaise
Ces deux romans très dissemblables ont été écrits à quinze années dintervalle, et cela se ressent : LEnigme du Persan Gris est un récit marqué par linfluence dAgatha Christie, que lon retrouve dans la peinture du petit cercle de suspects réunis dans le cadre dune croisière faussement paisible, jusque dans la scène finale se déroulant dans un vieux domaine surplombant les falaises des Cornouailles. Quatre de Perdues bénéficie quant à lui de lambiance trépidante du New York de laprès-guerre, et lauteur y affirme un style plus personnel, débarrassé des pesanteurs du roman policier des années trente. Miss Withers y use de tous les stratagèmes possibles travestissement, filature de nuit dans un coupe-gorge, usurpation didentité et cette profusion hilarante de tentatives plus ou moins fructueuses déclaircir un mystère qui lui tient tant à cur rend la lecture de ce roman de plus en plus passionnante au fil des pages. En outre, la galerie de portraits des pensionnaires de lhôtel Grandee, tous plus pittoresques et originaux que leur voisin, est franchement délicieuse.
Le personnage de Hildegarde Withers est latout majeur de ces récits : faussement coincée, plus maladroite quelle ne souhaite le montrer, et armée dun sens aigu de la répartie, la détective amateur ne se départit jamais dun dynamisme et dun optimisme flamboyants, qui contrastent constamment avec les forces de police auxquelles elle est confrontée : les enquêteurs flegmatiques et hautains de Scotland Yard dans le Persan Gris, et linénarrable inspecteur Oscar Piper dans le second roman. Ce dernier, foncièrement désenchanté et pessimiste, nous offre de délicieux échanges avec Miss Withers, affrontements verbaux sans pitié derrière lesquels affleure pourtant une certaine tendresse.
La découverte (ou redécouverte) de Stuart Palmer est donc fortement conseillée, même si Quatre de Perdues offre bien plus dintérêt que LEnigme du Persan Gris, tant au niveau de la description et de lévolution des personnages que de la progression et de la construction de lintrigue. Quoi quil en soit, le personnage de Hildegarde Withers est enchanteur, et nous fait espérer dautres rééditions de cette série
Guillaume Blanco ( Mis en ligne le 01/03/2004 ) Imprimer | | |
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