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Poches -> Littérature |
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Et bien dansez, maintenant… | | | Jorge Amado Le Pays du carnaval Gallimard - Folio 2004 / 5.30 € - 34.72 ffr. / 220 pages ISBN : 2-07-031437-5 FORMAT : 11x18 cm
Première édition : Gallimard, 1990. Imprimer
Voilà publié en édition de poche le premier roman de celui qui se définit comme «l'anti-docteur par excellence; l'anti-érudit, trouvère populaire, écrivaillon de feuilletons de colportage, intrus dans la cité des lettres, un étranger dans les raouts de l'intelligentsia». Jorge Amado nest pas encore celui qui saura mieux que personne décrire Bahia, cette terre violente que les planteurs se disputent arme au poing. De son enfance au sud de létat, rien ne transparaît dans Le Pays du carnaval. Mais il transmet ici létonnement dun homme devant la diversité dun pays aux multiples contradictions. Brésil des riches propriétaires, des politiciens, des intellectuels radicaux ou moins radicaux, des femmes, du métissage et surtout du peuple, de la vitalité populaire. Cest un étonnement violent qui nous est donné à lire. Cette violence, tour à tour dénoncée, ralliée ou déclarée naturelle, il nous est possible de la ressentir dans chaque ouvrage de ce très grand auteur brésilien.
Jorge Amado a refusé jusquen 1984 que Le Pays du carnaval, quil avait écrit à 18 ans, puisse être lu dans une autre langue que le portugais. Il sagit dun étrange récit de découverte qui souvre sur une arrivée en bateau dans la baie de Rio et qui donne à voir un certain Brésil de la fin des années vingt. Paulo Rigger a quitté le pays à la mort de son père, un richissime exploitant de cacao du sud de Bahia. Après sept années dabsence, il part à la découverte dun monde quil ne connaît pas et que nous découvrons à travers lui.
Cest bien le regard que porte Paulo Rigger sur les êtres et leur relation à la vie qui fait lintérêt de ce voyage dans un Brésil qui nexiste plus vraiment. La description quen fait Jorge Amado parle de lEurope bien plus que du bercail: «A Paris, comme il est naturel, il fit de tout, sauf étudier le droit. Son titre en poche, cétait un blasé, contaminé par toute la littérature davant-guerre, un esprit fort qui avait des amis parmi les intellectuels et fréquentait les cercles de journalistes, faisant des phrases, discutant, apportant toujours la contradiction [
]. Il nétait pas arrivé, très français quil était à trouver une base à sa vie. Il navait pas de philosophie et blaguait lesprit de sérieux de la génération qui apparaissait.» (en français dans le texte)
Le ton est donné. Ce jeune homme élégant, sceptique, démolisseur et chargé de rêves, va chercher, tout au long des pages du roman, un sens à sa vie ou plutôt à la fin de celle-ci
A vous de choisir de le suivre ou non, davoir lenvie de rencontrer les personnages grandioses et pathétiques qui, selon Jorge Amado, sont toujours les héros de quelque chose dindicible.
Marie-Juliette Verga ( Mis en ligne le 03/08/2004 ) Imprimer | | |
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