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Le jour de l'éclipse
Noëlle Châtelet   La Dernière Leçon
Seuil - Points 2005 /  5.50 € - 36.03 ffr. / 180 pages
ISBN : 2-02-083789-7
FORMAT : 11x18 cm
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Un point final, « c’est tout ». En 2002, la mère de Noëlle Châtelet, 92 ans, annonce à ses enfants la date à laquelle elle a décidé de marquer d’un point final le récit de sa vie. « Ce sera donc le 17 octobre. » Voilà longtemps, des années que la décision mûrit dans la tête de cette femme dont le corps, peu à peu, est vaincu par « le lierre de la vieillesse », dont la fatigue de plus en plus présente est devenue insupportable – elle dont la vie n’a jamais accordé la moindre place à la lassitude. Long cheminement qui aboutit à la sobriété de cette annonce. Mais pour les siens, le chemin ne fait que commencer.

Le premier élan de révolte fait place à un nécessaire apprentissage : celui, inéluctable, de la mort annoncée d’une mère. « Quand même, sur la date, tu as transigé. Tu as bien voulu concéder que la précision de la date ajoutait à la violence de ton geste. Il fut demandé que la date ne soit pas précisée. » C’est cet apprentissage que décrit Noëlle Châtelet, et ce récit est en quelque sorte la dernière étape d’un deuil largement entamé ante-mortem, grâce aux « leçons » de la principale intéressée elle-même. Quelques mois pendant lesquels une fille va apprendre à dire adieu à sa mère : « Tu marchais si droit vers ta mort… Je n’avais qu’à te suivre, n’est-ce pas ? » Le compte à rebours s’égrène au rythme des journées passées ensemble, des discussions, des émotions et des doutes gardés pour soi, des fous rires partagés – et ces rires sont pour le lecteur parmi les moments les plus émouvants de ce récit bouleversant.

Dans son style si sensible, Noëlle Châtelet (La Dame en bleu, La Tête en bas) parvient à ne jamais rendre impudique le partage pourtant sans détours de cette expérience surréaliste ; à faire ressentir toutes les contradictions, tous les remous d’un cœur d’enfant apprivoisant le départ imminent et choisi de sa mère. C’est une incroyable relation mère-fille qui transparaît tout au long du récit. Adoration de la fille pour la mère, amour sans ombres de la mère pour la fille ; entre ces deux êtres s’est tissé pendant près de soixante ans le canevas de l’amour le plus complet, depuis l’instinctive protection animale jusqu’à la communion des esprits. « Tu m’apprenais ta mort comme tu m’avais appris à manger et à écrire, me corrigeant, me reprenant, prête à voler à mon secours, prompte à me soutenir. »

Certes, on peut regretter quelques redondances, quelques phrases inutiles (« C’est peut-être quand on est autre qu’on est le plus soi-même… »). Elles sont pourtant bien peu au regard de l’intensité de ce livre, de la vérité de ce témoignage, de la beauté de cet hommage à une femme manifestement exceptionnelle d’humanité. Éternelle admiration (elle n’aurait pas aimé les regrets).


Anne Bleuzen
( Mis en ligne le 25/11/2005 )
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       de Noëlle Châtelet
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