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Poches -> Littérature |
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Au-delà des apparences... | | | Eric-Emmanuel Schmitt Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran Le Livre de Poche 2012 / 4.60 € - 30.13 ffr. / 78 pages ISBN : 978-2-253-16663-4 FORMAT : 11cm x 18cm
Première publication en juin 2001 (Albin Michel) Imprimer
M. Ibrahim, cest lArabe du coin, épicier, comme il se doit, "ouvert la nuit et le dimanche". Sans âge, paraissant ne jamais quitter son tabouret derrière la caisse. Derrière le "je" du narrateur se cache Moïse, un jeune garçon pressé datteindre lâge dhomme et prêt à toutes les dissimulations pour cela, notamment tromper ce père trop austère à qui incombe, seul, la tâche de lélever. Moïse a 11 ans mais en affirme 16, il vit rue Bleue qui na de la couleur que le nom, M. Ibrahim est un Arabe qui est musulman mais ne vient pas dArabie.
Demblée, on comprend que les mots, autant ceux dont se tissent les idées toutes faites, que les autres, ne rendent pas un compte juste de la réalité. Ils vont trop vite ou pas assez loin. Parce que sans doute il faut laisser aux révélations le temps de se frayer un chemin sûr à travers lentendement de celui qui les reçoit, cest au rythme d'"une phrase par jour" que le narrateur va apprendre à ajuster les mots aux faits.
Bien sûr, cest lénigmatique M. Ibrahim dabord méprisé : "Cest quun Arabe !", archétype du sage parlant peu, dont on ne sait que ce quil veut bien révéler, débitant des phrases courtes mais si denses et chargées de vérités essentielles que chacune delles devient sentence, qui sera linstrument de lapprentissage de Moïse. Après lavoir rebaptisé Momo subtil changement didentité, première étape dun ajustement plus fondamental et avant de se substituer effectivement au père par le biais de ladoption. En quelques pages, cest donc tout un chemin initiatique qui saccomplit, au fil dun texte pétri dhumour et de métaphores savoureuses, chargé aussi de cette générosité ébouriffée de nostalgie qui rend un texte si émouvant.
A travers ce "monologue" ainsi lauteur définit-il lui-même son ouvrage destiné à la mise en scène dramatique et qui a davantage lallure dun court récit à la première personne, Éric-Emmanuel Schmitt nous convainc selon ses préceptes habituels, quil faut aller au-delà des apparences pas si loin que cela, en définitive... Pour toucher du doigt (ou du cur, plutôt) cette vérité qui na rien dabsolu, cette part dauthenticité que chacun trouve au fond de soi pour peu quil se donne la peine dy regarder dassez près.
Isabelle Roche ( Mis en ligne le 04/06/2012 ) Imprimer | | |
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