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Poches -> Littérature |
| Sarah Dunant La Courtisane de Venise J'ai lu 2009 / 7,60 € - 49.78 ffr. / 445 pages ISBN : 978-2-290-00834-8 FORMAT : 11,0cm x 18,0cm
Traduction de Jean Guiloineau.
Première publication française en mai 2007 (Belfond). Imprimer
Rome, 1527, la Ville éternelle «magnifique et glorieuse» est saccagée par les troupes de Charles Quint alliées à celles de luthériens allemands, composées de «soldats à demi affamés et à demi fous, bien décidés à piller et à punir la cité», en dautres termes à semparer des richesses et à massacrer ses habitants par trop décadents. Au cur de la tourmente, la jeune, riche et ravissante Fiammetta Bianchini, courtisane de grand renom, ne peut plus compter sur ses puissants soutiens ni sur ses charmes pour amadouer durablement lennemi. Défigurée par quelques harpies protestantes, elle senfuit donc vers Venise, sa ville natale, en compagnie du nain Bucino, le narrateur du roman, «comme Platon le disait de Socrate un homme petit et laid mais très sage». Difficile de définir le rôle exact de Bucino auprès de celle quil appelle «ma dame» : serviteur, souteneur, intendant mais aussi confident, garde du corps et ami fidèle qui, tout en racontant la splendeur et les misères de sa maîtresse, se dévoile tout autant et fait de cette relation improbable le centre du roman.
Une fois arrivés à Venise avec pour seule fortune quelques pierres précieuses et un recueil de sonnets, Fiammetta et Bucino entament une pénible traversée du désert. Pour reprendre son activité et être mentionnée dans le registre des courtisanes, «la liste des noms des femmes les plus belles, les plus cultivées et les plus désirables de la ville
dans lequel les clients peuvent écrire ou lire des descriptions, des tarifs et même des évaluations du rapport qualité/prix», la jeune femme doit impérativement retrouver une apparence flatteuse. Entre donc en scène La Draga, une bien mystérieuse guérisseuse aveugle aux talents multiples dont Sarah Dunant a trouvé la trace dans les registres judiciaires de lépoque.
Comme dans La Naissance de Vénus (Michel Lafon, 2004), son précédent roman historique dont laction se situait dans la Florence du seizième siècle sous le joug du moine fondamentaliste Savonarole, la romancière anglaise mêle habilement personnages fictifs et réels (ici interviennent Le Titien et lArétin, satiriste redouté, auteur décrits religieux mais également pornographe enthousiaste) et propose une description éblouissante de la ville quelle choisit dévoquer un tableau olfactif dans lequel le féerique côtoie le fétide.
Avant de faire partager aux lecteurs sa passion pour lItalie de la Renaissance, Sarah Dunant les entraînait dans des polars psychologiques haletants. Or, sans être un thriller historique, La Courtisane de Venise contient cependant une bonne dose de suspense. On y parle de vols, de faux ou encore de sorcellerie. Mais au-delà des méandres de lintrigue, cest la question de lavenir commun ou non de Fiammetta et de Bucino qui semble fondamentale. Leur association pourra-t-elle résister à la tentation de lamour ? Réponse dans les toutes dernières pages de ce séduisant roman.
Florence Cottin ( Mis en ligne le 23/03/2009 ) Imprimer | | |
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