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La mamma morta…
Marie Darrieussecq   Tom est mort
Gallimard - Folio 2009 /  6 € - 39.3 ffr. / 233 pages
ISBN : 978-2-07-036578-4
FORMAT : 11,0cm x 18,0cm

Première publication en août 2007 (POL).
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Écrire en 250 pages l’indicible, comme l’est toute mort, comme l’est en particulier, surtout et sans commune mesure, celle de son enfant. Marie Darrieussecq s’essaye à l’exercice difficile de cette évocation, prêtant ses mots à une mère privée de l’un de ses enfants, le petit Tom, perdu dix ans plus tôt sans que, réellement, ces dix années n’aient permis une quelconque cicatrisation : «Tom est mort. Je ne pleure pas et je n’ai jamais pleuré en prononçant la phrase. La phrase est l’oeil calme du cyclone, les sanglots et les arrachements tournent autour».

Le deuil s’inscrit peut-être dans cette réappropriation des mots, des souvenirs qu’ils portent. D’emblée sédatée, mise en cure de sommeil, ensuite aphone, post-traumatisée, la maman amputée, au fil des ans, retrouve la parole et, dix ans après, les mots, qu’elle inscrit sur ce carnet. Des mots en vrac qui disent l’impossible dans une confusion de l’espace et du temps. Parce que le temps n’existe plus depuis la mort de l’enfant ; «… cet enfant est une encoche, un raté, presque un ratage ; un c’est pas grave après lequel tout rien continue. J’essaie de me tenir là, sur ce point exigu du monde. Sur un seul pied. Sur une aiguille. Cernée par le ressac. J’évite de penser parce que penser c’est penser à Tom».

Entre Toronto où il naquit et l’Australie où il s’éteint 4 ans et demi plus tard, le petit Tom, enfant nénuphar, français par les gênes, citoyen du monde, puis de l’au-delà, hante ces pages écrites avec sincérité. «Il était surtout resté longtemps dans mes jupes, et l’enterrer dans mon ventre aurait été la seule évidence. Sa terre natale, moi. Moi, en tombe. Je me serais enterrée, lui lové dans mes bras, moi morte ou vive, quelle différence ?» La mamma morta… «La mort, sa nouvelle mère. Sa mère d’adoption»

Syndrome de Niobe, la mère en deuil par excellence, icône mythologique… La narratrice avance, page à page, dans ce retour dans le temps qui est retour sur soi, aussi. Autour d’elle, ses deux autres enfants, Vince et Stella, son époux, Stuart, sont des figurants dans le drame, sans substance, étrangers à son expérience. «Un seul être vous manque…»

Et un roman qui, au final, laisse une impression favorable. D’abord pénible, pour son sujet, le récit dompte la lecture, se l’approprie. L’auteur parvient à nous entraîner dans sa dérive, ce flot de mots vains qui n’épuiseront, hélas, jamais son sujet.


Bruno Portesi
( Mis en ligne le 08/04/2009 )
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