|
Poches -> Littérature |
| |
Mort d’un chef-d’œuvre annoncé | | | William T. Vollmann Central Europe Actes Sud - Babel 2009 / 16,50 € - 108.08 ffr. / 1325 pages ISBN : 978-2-7427-8560-5 FORMAT : 11cm x 17,6cm
Première publication française en août 2007 (Actes Sud). Imprimer
Il y a semble-t-il une constante dans lécriture de William T. Vollmann : chacun de ses romans est plus volumineux que le précédent. À cet égard, le dernier en date, Central Europe, exercera demblée une fascination sur son acheteur potentiel. La couverture jouera aussi une part non négligeable dans létonnement suscité par cet objet hors norme, qui plus est adoubé du National Book Award 2005... Que de promesses !
Passé ces premières impressions purement matérielles, venons-en au texte, extrêmement malaisé à appréhender. Le prologue, «Vue depuis un fort roumain en ruine (1945)», néclaire pas vraiment le lecteur quant aux intentions, aux lignes de force de cette foisonnante épopée. La confusion règne dès lévocation dun central téléphonique tentaculaire doù partent les ordres dun énigmatique duo, le «somnambule et le réaliste», dont la providentielle quatrième de couverture nous apprend quil sagit de Hitler et Staline. Le premier chapitre, «Les sauveurs : un conte kabbalistique», restera quant à lui à jamais hermétique à qui ne sest pas enfermé au moins dix ans avec les uvres complètes de Gershom Scholem.
La suite est constituée dune quarantaine de récits focalisés sur les destinées et les affres de la création dindividus tels que la poétesse Anna Akhmatova, le cinéaste documentaliste Roman Karmen ou le compositeur Dmitri Chostakovich, pris dans la tourmente de cette zone centre-européenne que les dictatures fascistes et communistes eurent tant à cur de déchirer et de saigner à blanc. Toutefois, lempathie avec les personnages a du mal à poindre, et ce malgré la période tragique dans laquelle ils sont englués.
Dans une interview accordée à LHumanité, William T. Vollmann déclarait : «Je voulais que le livre soit aussi varié que possible. Mon inclination était dy mettre le plus de détails possible, en particulier sur les batailles. Mais je me suis un peu restreint, au grand soulagement de mon éditeur.» Un tel aveu effraie, surtout au vu du résultat final dun soi disant travail délagage.
La dispersion du texte contribue plus à lalourdir quà lui prêter force et souffle. Lon a bien du mal à se traîner jusquà sa dernière page ; lon est encore moins motivé à consulter le trop touffu appareil de notes dont il est assorti. Ce livre, oscillant entre réécriture de lhistoire et fourmillement de références encyclopédiques, ne trouve en définitive de place nulle part. Laiguille de la balance se dressera donc à la verticale si dans lautre plateau, on dépose Les Bienveillantes. Hélas, la comparaison sarrêtera là.
Frédéric Saenen ( Mis en ligne le 11/11/2009 ) Imprimer
A lire également sur parutions.com:Les Bienveillantes de Jonathan Littell | | |
|
|
|
|