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Poches -> Littérature |
| Armistead Maupin Michael Tolliver est vivant - Chroniques de San Francisco (Tome 7) Seuil - Points 2009 / 7 € - 45.85 ffr. / 295 pages ISBN : 978-2-7578-1295-2 FORMAT : 11cm x 18cm
Première publication française en avril 2008 (L'Olivier). Imprimer
Avouons avant tout le plaisir de retrouver le temps de quelques trop peu nombreuses - pages léquipe de feu le 28 Barbary Lane. 30 ans ont passé, certains sont partis (le SIDA, la brusque décision de Mary Ann
) mais les principaux demeurent : malgré sa séropositivité, Michael Tolliver, main verte et homosexuel de son état, coule des jours heureux comme jamais, et paisibles, avec son mari (nen déplaise à ladministration Bush et tous ces américains bien-pensants), Ben, plus jeune mais quimporte : cest sûr, ils saiment. Mme Madrigal, fringante transsexuelle octogénaire, fume toujours un peu d'herbe qui faire rire et pose sur le monde un regard décidément généreux et ouvert.
Comme dans ses précédents ouvrages, Armistead Maupin sait donner chair et vie à ses personnages, mêlant habilement lhumour et la gravité, la tendresse et un peu de provocation aussi. Ici, Mouse doit faire face à la mort imminente de sa mère, et quelques factures à régler aux comptes familiaux : un frère très (trop) chrétien, une belle-sur qui ne l'est pas moins... avec malgré tout quelques secrets dans le placard... Mme Madrigal, non plus, n'est pas très en forme. D'autres personnages surgissent : Shawna, la fille de Brian, a bien grandi ; jeune femme, elle rédige une sorte de chronique sexuelle de San Francisco, expérimentant les nouveautés du genre, au grand dam de son oncle Michael pourtant pas mal émancipé ! O Tempora!...
Le sexe est très présent. Quinqua en forme, aidé par l'appétit sexuel de son cadet de vingt ans, Michael prend du viagra, s'essaye au ménage à trois et n'oublie jamais dans ses valises tout un attirail made in gay : les cockrings, pinces à tétons et autre poire à lavement... Pourquoi pas. Sauf que la peinture en prend une couleur peut-être trop arc-en-ciel, se risquant dangereusement à des stéréotypes prompts à gaytoïser, hélas. Tout un éthos homosexuel est en effet dépeint ici, certes, toujours avec tendresse, mais l'ensemble s'enferme dans un genre peut-être plus à l'aise aux États-Unis, terre de tous les communautarismes et des identités taillées à la serpe, qu'ici, où la différence inscrite dans un groupe tue l'originalité et l'individualité, pense-t-on.
C'est que Maupin a toujours voulu agiter les consciences, pointer du doigt ce qui est, pour en montrer aussi, derrière les attirails que chacun transporte, la banalité, la belle banalité. Il insiste pas mal sur les questions du transgenre (si vous ne connaissiez pas jusque-là l'acteur Buck Angel, un petit tour par Google s'impose...), ici avec un collègue de travail, Jake, homme anciennement femme ayant gardé son sexe féminin mais peu décidé à s'en servir (contrairement au fameux Buck Angel, être hybride totalement à l'aise dans sa tonitruante ambiguïté). Faut-il être choqué, appeler l'Inquisition, masquer les yeux des plus jeunes ?
Armistead Maupin nous dit bien sûr que non. La vérité doit être nue ; elle est alors toujours superbe.
Thomas Roman ( Mis en ligne le 29/04/2008 ) Imprimer
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