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Obscur et Abscons
Lolita Pille   Crépuscule Ville
Le Livre de Poche 2010 /  6.50 € - 42.58 ffr. / 343 pages
ISBN : 978-2-253-12743-7
FORMAT : 11cm x 18cm

Première publication en mai 2008 (Grasset)
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Une époque indéterminée, une ville aux lumières artificielles, recouverte d’une brume noirâtre, poisseuse, aux confins de laquelle se perdent les cimes des building, un soleil qui n’existe plus. C’est la fin de l’ère solaire.

Hésitant entre surréalisme et science fiction, Crépuscule ville de Lolita Pille est un roman inégal, tant dans son écriture, tantôt alambiquée, lourde, presque incompréhensible, tantôt fluide, percutante, frôlant la virtuosité, que dans le déroulement de l’histoire, parfois absurde et incroyable. Pourtant, la jeune romancière fait preuve d’une capacité extraordinaire à imaginer le devenir sombre de notre société contemporaine.

La société Clair Monde règne sur la ville. Créée quelques dizaines d’années auparavant par un génie de la téléphonie du même nom (Louis Clair), elle façonne l’existence de tous les citoyens préalablement choisis. Au-delà de ses limites, il y a les non zones, peuplées de morts bancaires. Ainsi, tout un contingent de services à l’image du SPS, Service de Protection de Soi-même (avec Préventive Médicale, Préventive Psychiatrique, Préventive Agression, Préventive Suicide, Préventive Homicide) régule, voire devance les désirs et les pulsions des gens, afin de répondre à la volonté collective suivante : «la restriction de la vie pour la protection de la vie». Munis de «traceurs», une continuité excessivement sophistiquée de nos téléphones portables actuels, les habitants sont ainsi surveillés, analysés en permanence ; les informations que ce boîtier électronique contient (et que chacun doit avoir en permanence sur lui) permettent l’apparition de spots publicitaires «à pertinence personnelle» dès que l’individu passe devant les innombrables écrans qui saturent les façades des immeubles, les rues, à vrai dire partout.

Dans cette ambiance infernale - la dégénérescence semble être le seul mot valable pour définir ce monde -, Syd Paradine, agent de Préventive Suicide, traverse une mauvaise passe. Plus ou moins alcoolique (finalement, tous ont tendance à abuser de l’alcool ou de drogues devenus légales), il étouffe dans cette ville, d’autant que suite au suicide d’un obèse du nom de Colin Parkers, qu’il n’a pas réussi à éviter, il soupçonne un leurre, des mensonges, un truc qui cloche dans ce monde où tout le monde à droit au bonheur et à être beau… Mais quel bonheur ?... Une série d’évènements lui confirme son pressentiment et l’encourage à approfondir ses recherches. Ses découvertes ont un caractère terrible...

Des parallèles sont tristement possibles entre notre début de siècle et le monde imaginé par Lolita Pille ; cet aspect fait frissonner. Par contre, il est difficile de se laisser happer par le cheminement de l’histoire ; certainement une question de style littéraire ; celui-là manque de fluidité.


Frédéric Bargeon
( Mis en ligne le 30/04/2010 )
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