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Embaumée dans de beaux mots
Régis Jauffret   Lacrimosa
Gallimard - Folio 2010 /  5,60 € - 36.68 ffr. / 251 pages
ISBN : 978-2-07-043797-9
FORMAT : 11cmx18cm

Première publication en août 2008 (Gallimard - Blanche)
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Oh que c'est bon de lire pareille prose ! Régis Jauffret, magistrale plume, parvient, sous prétexte de peindre la mort, à nous montrer ce qu'est la création littéraire, et la joie de vivre.

L'histoire d'une suicidée, dépressive chronique - «Vous apparteniez à cette portion d'humanité que la vie ne bronzera jamais» -, journaliste pour une radio parisienne, chasseuse de témoignages sur trottoirs, bientôt licenciée, finalement pendue dans sa chambre d'autrefois, chez ses parents...

Le narrateur, Régis Jauffret lui-même, a aimé cette femme qui l'aima autant qu'elle put. Rencontre lors d'un Salon du Livre, elle est assidue de son oeuvre, ils deviennent ce couple dépareillé. Mais elle aime aussi un skeeper quelque peu volage, qui lui fait mal au coeur et malmène son penchant pour la déprime. Avec Régis, ils s'aiment au Club Med, à Djerba la douce.

L'écriture tire son fioul du décès de la jeune femme, un roman pour épitaphe et sous forme épistolaire : à l'évocation plus ou moins fantaisiste du suicide par l'écrivain (celle qui ouvre le roman est délicieuse) et de cette sorte de vie à deux, la défunte répond depuis l'au-delà pour apporter ses corrections, ses commentaires, avec l'énergie vitupérante de la morte attentive à sa postérité. Car il faut souvent mettre les points sur les «i» de cet écrivain-là !

L'échange est savoureux. La morte a beau dire et redire à son interlocuteur écrivassier qu'elle n'est plus rien, pas plus que la mort soi-même, l'auteur d'un coup de plume persévère à la ressusciter, à la maintenir droite sur le vélin : «Les écrivains sont si prétentieux, que l'impossible leur semble à portée de main. Ils sont opiniâtres, de mauvaise foi, et de leur plus lamentable défaite, ils veulent se targuer comme d'une conquête». Il dit plus haut encore : «Un observateur peu amène, pourrait dire que je tords le réel pour éviter de me cogner la tête contre son métal froid».

L'ensemble est épique : la mort va si bien à Régis Jauffret et sa compagne ! Expert dans l'art de l'image et de la métaphore, armé d'un solide humour qu'il sait parfaitement mettre en mots, abusant peut-être de ces phrases trop longues pour que le souffle du lecteur s'y maintienne, comme des couacs farceurs dans un rythme sinon très fluide, Jauffret séduit une fois encore franchement. Le propos tire sa tendresse et son humanité d'un humour légèrement grisé, un brin cynique mais sans aucune bile, une plume joueuse, maligne parce qu'intelligente. Un superbe hommage, si tant est que cette défunte-là ait un jour existé. Les écrivains, pour dire nos vérités, mentent, c'est leur métier !


Bruno Portesi
( Mis en ligne le 26/11/2010 )
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