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Monnaie et Eglise au Moyen Âge
Jacques Le Goff   Le Moyen Age et l'argent - Essai d'anthropologie historique
Perrin - Tempus 2019 /  9 € - 58.95 ffr. / 288 pages
ISBN : 978-2-262-07880-5
FORMAT : 11,0 cm × 17,0 cm

Première publication en avril 2010 (Perrin, Pour l'Histoire)
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Dans son dernier essai, Jacques Le Goff se penche sur les rapports particuliers qu'entretenait la société du Moyen Age avec l'argent. L'historien n'en est pas à son coup d'essai, puisque depuis un demi-siècle il n'a eu de cesse de s'interroger sur la place - qu'il tient pour marginale - de l'économie à l'époque médiévale. Dès l'introduction de Le Moyen Age et l'argent, afin de se garder de tout anachronisme, le célèbre médiéviste précise les contours de la notion d'argent prévalant à cette époque: «l'argent dont il va être question ici (...), écrit-il d'emblée, n'est pas exprimé par un mot unique». En effet, en français médiéval, les termes «monnaie», «denier» et «pécune» se rapprochent le plus de l'argent, tel qu'il est entendu de nos jours. Évanescente, la notion renvoie donc à une pluralité de définitions, si bien qu'il peut s'agir tant de l'argent dans son sens courant, c'est-à-dire la valeur des monnaies métalliques et de référence, que du précieux métal en lui-même.

Dans son acception contemporaine, l'argent est «un produit de la modernité». Durant l'époque médiévale, l'argent ne jouait nullement le rôle décisif et primordial que lui assigne l'économie de marché. D'ailleurs, précise l'auteur, «les réalités que l'on désignerait aujourd'hui par ce terme d'«argent» ne sont pas l'essentiel de ce qui faisait la richesse». A cet égard, le Moyen Age constitue une sorte de parenthèse, pis une «régression», dans la mesure où l'argent y était à la fois bien moins crucial et moins présent qu'il le fut sous l'Empire romain et surtout qu'il le sera dès le XVIe siècle.

Au fil des pages, l'auteur se concentre tout particulièrement sur deux thèmes principaux. Avec force détails, il analyse, d'une part, le sort qui a été fait à la monnaie, ou plutôt aux monnaies, dans l'économie, la vie et la mentalité médiévales. Le thème est d'autant plus capital qu'à cette époque la monnaie n'a cessé «d'être rare et surtout très fragmentée et diverse». Cette pluralité des monnaies, leur morcellement, a d'ailleurs puissamment entravé le développement économique du Moyen Age.

Jacques Le Goff traite, d'autre part, les ressorts de la relation entre le catholicisme et l'argent. Dans une société dominée par la religion, «comment le christianisme a-t-il considéré et enseigné l'attitude que doit adopter le chrétien face à l'argent et l'usage qu'il doit en faire», sachant que si l'Eglise a encadré par certaines conditions et réserves «la recherche et la pratique de l'argent» (p.10) des individus et des Etats, elle a également contribué à les légitimer ?

Loin d'être monolithique, le Moyen Age se divise en deux périodes majeures. L'univers médiéval comprend une première période, «de Constantin à saint François d'Assise», autrement dit partant du IVe siècle et s'achevant à la fin du XIIe siècle, durant laquelle argent et monnaie refluent avant, finalement, de revenir en odeur de sainteté de façon plutôt laborieuse. «La distinction sociale prédominante oppose alors potentes et humiles, c'est-à-dire puissants et faibles». La seconde partie du Moyen Age débute, quant à elle, au XIIIe siècle pour prendre fin au XVe siècle. Elle met en scène «le couple dives et pauper, riche et pauvre». Sans avoir franchi le seuil du capitalisme, cette seconde période est celle de l'essor économique et urbain, mais également des ordres mendiants. Ces changements résultent, en partie, d'une «évolution des idées et des pratiques de l'Eglise qui a, semble-t-il, voulu aider les gens du Moyen Age à sauvegarder en même temps la bourse et la vie, c'est-à-dire l'enrichissement terrestre et le salut éternel». Il ne s'agit, toutefois, pas de l'avènement du capitalisme à proprement parler, mais bel et bien d'une économie du don, où la recherche de la justice et l'exigence spirituelle exprimée par la caritas priment sur le profit en tant que tel.

D'une érudition tous azimuts et d'une précision sans faille, cet essai de Jacques Le Goff est, au final, d'excellente facture.


Alexis Fourmont
( Mis en ligne le 28/01/2019 )
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