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Poches -> Policier & suspense |
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Drôle d’endroit pour une rencontre | | | Rupert Thomson Mort d'une tueuse Le Livre de Poche 2009 / 6,50 € - 42.58 ffr. / 283 pages ISBN : 978-2-253-12606-5 FORMAT : 11,0cm x 18,0cm
Première publication française en janvier 2008 (Philippe Rey).
Traduction de Bernard Turle. Imprimer
Tristement célèbre en Angleterre, le nom de Myra Hindley, associé à celui de son amant Ian Brady, évoque un fait-divers sordide datant des années soixante. Coupables des enlèvements et meurtres, parfois précédés de tortures, dau moins cinq enfants, les «tueurs de la lande» sévissaient dans la région de Manchester. Arrêtés puis jugés et condamnés à la prison à vie, ils nexprimèrent pas le moindre remords.
La tueuse de Rupert Thomson est donc Myra, qui vient de mourir dans un hôpital du Suffolk. Nous sommes en novembre 2002. La diabolique, à qui lopinion publique na jamais pardonné, continue dinspirer une telle haine que beaucoup craignent des réactions violentes. La police est chargée de veiller sur le corps à la morgue en attendant sa crémation.
Appelé pour relever un collègue, Billy Tyler nécoute pas Sue, son épouse, qui le supplie de refuser la mission, invoquant le pouvoir maléfique de la «créature». Ce nest pas uniquement par conscience professionnelle que Billy accepte. Laffaire le passionne en effet depuis longtemps «cette série de meurtres sétait insinuée dans linconscient populaire. Quiconque avait vécu à cette époque ne pourrait jamais entièrement sen libérer. Cétait lun de ces rares faits marquants qui obligent chacun à se définir.»
Se définir, se positionner et réfléchir sur la frontière ténue qui sépare le Bien du Mal. Une nuit étrange commence pour Billy - voyage intérieur, rêverie introspective, alimentés par lapparition intermittente du fantôme de Myra - «Il avait compris quil pouvait la faire apparaître rien quen orientant ses pensées dans une certaine direction...» Une étonnante conversation sengage. «Moi aussi, je suis tout à fait ordinaire, déclara-t-elle en lâchant des petites bouffées de fumée en même temps que ses paroles. Si je ne lavais pas rencontré, je serais restée ordinaire.» Que signifie véritablement ladjectif ?
Billy prend peu à peu conscience du lien qui lattache au «monstre» : ces singuliers échos qui résonnent entre leurs deux parcours à première vue diamétralement opposés - la relation sado-masochiste quil entretenait adolescent avec son copain, Raymond Percival, Sue, à deux doigts de tuer leur petite fille atteinte du syndrome de Down, lui-même, meurtrier «involontaire ?» du père incestueux de Venetia, son premier grand amour. Myra a raison, il nest pas «si innocent que ça». Le repoussoir agit comme un révélateur.
Réaliste et minimaliste dans son expression Mort dune tueuse évoque avec force ces moments du bord du gouffre auxquels chacun peut être confronté et ce pas dans le vide que lon choisit ou non de faire. Les raisons de ce choix qui permet de rester chez les gens ordinaires et de ne pas devenir un monstre sont souvent obscures : conscience morale ou simple hasard de linstant ? Mais avec ce huitième roman, Rupert Thomson propose avant tout une audacieuse analyse de la banalité du Mal. Implacable et impeccable.
Florence Cottin ( Mis en ligne le 27/05/2009 ) Imprimer | | |
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