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N’oublie pas que tu vas mourir
Inio Asano   Solanin (vol.1)
Dargaud/Kana - Made in 2007 /  10,00 € - 65.5 ffr. / 208 pages
ISBN : 978-2-505-00214-7
FORMAT : 13x21 cm
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Taneda et Meiko forment un jeune couple qui vient tout juste de prendre son envol : appartement à deux et premiers jobs sont autant de nouveautés dans leur existence. Mais cette indépendance se révèle à double tranchant, et pas nécessairement corrélée à une nouvelle liberté. Meiko, face à ce trop-plein de contraintes, traverse une crise existentielle grave et démissionne brutalement de son travail. Les journées d’oisiveté qui s’ensuivent plongent la jeune fille dans une introspection tourmentée.

Un peu désœuvrés, sans vision précise de leur avenir, les personnages mènent une existence au jour le jour, à la fois tranquille et terriblement anxiogène lorsque l’on y pense. Le quotidien, ponctué d’habitudes qui rassurent malgré la grande précarité dans laquelle vivent (et semblent même se complaire) Meiko et Taneda, renvoie toute l’étrangeté de la vie à la face des protagonistes dans des moments les plus inattendus.

Les doutes existentiels profonds qui surgissent de l’esprit de ces derniers ont une résonance universelle touchante. Une grande sagesse émane d’ailleurs des réflexions mûries par le jeune couple, qui opte pourtant pour une philosophie de vie quelque peu idéaliste. Leur entrée dans la vie active correspond pour eux au début de l’âge adulte, et paradoxalement à un sentiment de perte de liberté. Mais celle-ci se révèle au final être un état d’esprit dont Meiko et Taneda semble incapables de faire preuve. Enferrés dans des carcans psychologiques inviolables, chacun d’entre eux a la connaissance aiguë de ses limites, d’où découle une certaine forme d’ennui : « J’entends comme une petite voix au loin qui murmure « sortir du rang, quelle importance ? Si tu obtiens ainsi la liberté… ». Malheureusement, je n’en ai pas le courage. Et puis, je suis assez grande pour comprendre que je n’ai pas de don particulier. Même si c’est un peu pénible parfois, je dois faire de mon mieux pour vivre correctement ».
C’est avec un incroyable talent que l’auteur du Quartier de la lumière provoque en nous des impressions de déjà vécu troublantes, grâce en particulier à des illustrations saisissantes de réalisme. Le trait, apaisant, patine le quotidien des personnages d’une fine couche de résignation. Entre humour et désespoir, l’œuvre brosse le portrait très juste d’une jeunesse qui cherche sa route, et dont le climax final appelle violemment la lecture du second tome…


Océane Brunet
( Mis en ligne le 01/12/2007 )
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