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Bande dessinée -> Réaliste |
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Le journal d’une femme de chambre | | | Ted Benoit Pierre Nedjar L'Homme de nulle part 12.50 € - 81.88 ffr. / 80 pages ISBN : 2-203-39704-7 FORMAT : 22 x 29,5 cm Imprimer
Lhistoire commence comme dans un film noir. Une voix-off, un bar dans la pénombre et des souvenirs que lon se remémore au-dessus dun verre. Sauf quici le narrateur nest pas un détective privé mais une modeste femme de ménage, Thelma Ritter. Le lecteur amateur de Ted Benoit aura déjà croisé le chemin de cette femme puisquelle était laide-ménagère de Ray Banana (Berceuse électrique et Cité lumière).
Lhomme de nulle part tombe un jour sur Thelma avec cette question insolite et qui nobtiendra une réponse (relative) quaprès une bonne quarantaine de planches : «Excusez-moi, madame
Pourriez-vous me dire comment je mappelle ?». Le pauvre homme a lair hébété et totalement perdu, et cest sans doute ce regard de chien battu qui entraîne la jeune Laura Linnell, patronne de Thelma, à le recueillir. Mais poursuivi par un passé quil ne comprend pas, lhomme doit fuir à travers le pays, accompagné de Laura, et plusieurs hommes patibulaires à ses trousses. Pour le couple, cest le début dune cavale pleine de rebondissements, dinterrogations et dincroyables retournements de situations.
Avec cet album qui date de 1984, Ted Benoit écrivait un scénario machiavélique et immédiatement captivant, digne des plus grands films noirs hollywoodiens. Ici aussi, les êtres du passé reviennent hanter le quotidien des repentis et linnocence na définitivement pas sa place.
Pour loccasion, et après lui avoir montré la voie dans le prologue, Ted Benoit laissait les crayons à Pierre Nedjar, dessinateur mystérieux dont on ne sait pas grand-chose et dont la bibliographie se résume à trois albums. Nedjar adopte le style «ligne claire» de son parrain, avec toutefois moins délégance et dinvention, mais lensemble reste du début à la fin soigné et efficace. On appréciera tout particulièrement ces nombreuses vues lumineuses et colorées dune Amérique disparue des glorieuses fifties. Ses routes interminables, les «diners» et autres motels qui les bordent, perdus au milieu de rien, ses villas somptueuses perchées sur les collines californiennes, ses chapeaux mous et autres grosses berlines.
Réedité et augmenté de plusieurs planches inédites, LHomme de nulle part mérite amplement sa place dans la collection «Classiques» de Casterman.
Alexis Laballery ( Mis en ligne le 30/05/2004 ) Imprimer
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