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Bande dessinée  ->  Réaliste  
 

Naissance d'un style
Adrian Tomine   32 histoires
Seuil 2004 /  11 € - 72.05 ffr. / 96 pages
ISBN : 2-02-067791-1
FORMAT : 14 x 21,5 cm
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De 1991 à 1994, le jeune Adrian Tomine édite à compte d’auteur une série de mini-comics qu’il baptise Optic Nerve. Le premier numéro est tiré à vingt-cinq exemplaires et vendu un dollar à la famille et aux proches. À partir du deuxième numéro, Tomine soigne la présentation et se lance dans des petites histoires plus travaillées. Il propose ces tirages photocopiés aux libraires des alentours et commence à gérer un service d’abonnements. Sept numéros sortiront finalement de ce modeste commerce artisanal, et Optic Nerve connaîtra un succès grandissant auprès des amateurs de comics indépendants. En 1994, les éditions Drawn and Quaterly proposent à Tomine un contrat, et c’est désormais sous l’égide de cette structure professionnelle que le dessinateur américain continue sa série fétiche.

Ce recueil de 1995, enfin traduit en français, regroupe donc l’intégralité des sept premiers numéros d’Optic Nerve. Au total, trente-deux courtes histoires, de une à six planches, centrées le plus souvent sur un quotidien plus ou moins fictionnel. Tomine y parle de sentiments, de rapports conflictuels entre les personnes, de manque de communication, de souvenirs enfantins, de marginalité et de rupture difficile… Au fil des pages, c’est tout un petit monde qui s’anime, rempli de personnages forts et marquants, de dragueurs maladroits et de filles inquiètes, de gamins timorés et de losers touchants. Dès ses débuts, l’auteur de Blonde platine (Seuil, 2003) faisait déjà preuve d’un grand sens de la narration et brossait avec justesse le portrait de toute une ribambelle d’êtres de papier. Et si Tomine entreprend un moment de dessiner une biographie de Jack Kerouac, il finira vite par revenir à ses tranches de vie peuplées d’anti-héros, et marquées parfois par de brutales salves de violence, qu’elle soit physique ou morale.

Présentées chronologiquement, les histoires de ce recueil mettent surtout en évidence l’élaboration progressive d’un style, d’une patte graphique. Dans les premières planches, le trait de Tomine est encore maladroit, hésitant, et la gestion des noirs et blancs lorgne du côté d’une culture underground peu originale. Par la suite, les anatomies se font plus précises, la ligne s’affine et gagne en élégance jusqu’à devenir dans les dernières pages celle qu’a finalement adoptée Tomine jusqu’à aujourd’hui. Le dessinateur s’essaie à différentes techniques, du stylo-bille au pinceau, et se permet aussi quelques diversions graphiques piochées chez d’autres auteurs, brèves explorations vers d’autres univers afin d’y voir ce que l’on peut éventuellement en garder. On repère ainsi des références, plus ou moins prononcées, à Charles Burns, Joe Matt, Daniel Clowes, aux mangas de Yoshihiro Tatsumi, et même au détour d’une vignette, Edward Hopper. Adrian Tomine s’inspire des autres, se cherche, expérimente, se trompe parfois, et se perfectionne de page en page, pour finalement trouver son esthétique propre, sa singularité. Et en même temps que le dessin devient plus sûr, c’est la narration qui évolue peu à peu, mettant de côté les textes récitatifs et les histoires pour laisser vivre pleinement les personnages, les silences, les non-dits.

Au final, ce recueil, évidemment inégal, reste avant tout un formidable témoignage sur les débuts d’une œuvre, certes encore jeune mais déjà marquante. Trente-deux histoires qui donnent à voir le travail de création en train de se façonner, et permettent l’accouchement sans douleur d’un véritable auteur.


Alexis Laballery
( Mis en ligne le 04/12/2004 )
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