| Turf La Nef des fous (tome 7) - Terminus Delcourt - Terres de légendes 2009 / 12.90 € - 84.5 ffr. / 48 pages ISBN : 978-2-7560-10694 FORMAT : 23x32 cm Imprimer
Cette fois, ça y est : après 17 années derrance sur La Nef des fous, Turf achève finalement son odyssée et ramène à bon port ses héros : le roi Clément le XVIIe, Chlorenthe et Arthur, Ambroise le comploteur
Résumer lhistoire récente dEauxfolles tient de la gageure : disons que politiquement, la situation est
compliquée. Il y a eu coup détat, mais le principal organisateur est devenu amnésique, tandis que le roi authentique, sest un peu perdu dans les méandres de son royaume
lequel ressemble peu à peu à une base secrète, envahie par des robots gentils mais un peu niais. Car il y a aussi un grand secret, du genre que tout le monde commence à connaître ou à soupçonner, et sur lequel veille un grand manipulateur. Et puis il y a aussi les soucis : la disparition de la princesse Chlorenthe, ainsi que celle du fou du roi, Arthur (tous les soupçons indiquent une fugue, mais la réalité est bien plus étonnante)
Et il y a la nef, cet univers clos, menacé par la fin de son créateur. Disons, pour se résumer, que dans un univers bizarre, mi-théâtral, mi-enfantin, un peu baroque et un peu toc, vivaient un roi et son peuple, et que tout ce petit monde, un beau jour, se retrouva projeté en révolution, par la grâce dun coup détat, et quau bout de 7 albums et de quelques jours, la crise sacheva
Et donc, rideau, révélations, suspense, épilogue et conclusion
Alors évidemment, il est vivement déconseillé, voire formellement interdit, de commencer la série par cet album
Le grain de folie, très réel, de lauteur, suppose quand même une introduction dans les règles au monde dEauxfolles, ne serait-ce que pour saisir limprobabilité de cet univers, qui ressemble, les couleurs mises à part, à lune de ces utopies sociales du XIXe siècle, un mélange de vapeur et de fantaisie, de machines improbables et de robots impossibles, un monde imaginé par un grand enfant et dessiné par un jeune adulte. Le graphisme de Turf fait la part belle au rêve, au gigantisme, se joue du cadre des images : on bascule de case en case, les planches se dérobent. Lalbum est, un peu comme dans les uvres de Marc-Antoine Mathieu, un jeu en soi, presque un acteur de lhistoire ; Et les personnages, discrètement et tendrement caricaturés, ressemblent à des gamins, même nantis dune barbe blanche. Un monde dans lenfance, où le sérieux est exclu.
Pour les orphelins de Winsor McCay et de son Little Nemo, pour les nostalgiques dHorologiom, voilà une série achevée, et un beau projet de conclu. La boucle est bouclée, il ne reste plus quà consommer sans modération.
Gilles Ferragu ( Mis en ligne le 10/03/2009 ) Imprimer
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