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Bande dessinée  ->  Fantastique  
 

Aventures en haute poésie
Thierry Robin   Koblenz, tome 2 - Marcher dans Carthage une nuit sans lune
Delcourt - Conquistador 2000 /  12.06 € - 78.99 ffr. / 48 pages
ISBN : 2-84055-542-5
FORMAT : 24 X 32
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A l'orée du XIXè siècle, le docteur Koblenz, scientifique doué de pouvoirs paranormaux a redonné vie à Clara, jeune femme injustement mise à mort qui depuis l'accompagne dans ses voyages extraordinaires. Après le Désespoir d'une ombre paru en 1999, ce nouvel opus voit les deux héros itinérants se transporter à Carthage. Arrivés à Tunis où Koblenz a rendez-vous avec Boese, un de ses anciens compagnons d'études de Prague, le docteur, épié, sent une menace peser sur eux.

Après des retrouvailles pour le moins mystérieux avec Boese, poursuivi par des hommes en noir voulant faire main basse sur son "trésor", Boese est enlevé, nos deux héros attirés dans la nuit jusqu'à l'ancien port… qui, alors que l'astre lunaire s'évanouit, recouvre soudain sa splendeur de jadis, à l'instar de la cité entière! Ainsi, Koblenz et Clara entament-ils un nouveau time-travel en revenant en 200 avant J.-C. dans une Carthage aussi rayonnante qu'étrange. Et le lecteur de pressentir que les mots prononcés d'emblée par Koblenz devant les piètres vestiges de Carthage vont être méthodiquement démentis : "Voilà tout ce qu'il reste de cette ville, quelques murs, quelques tombes, juste un souvenir, une légende…"

Mais, à peine arrivés dans le palais surplombant les remparts, les deux explorateurs sont arrêtés par des séides aux ordres de trois prêtres cherchant à se concilier les bonnes grâces de la déesse Tanit en lui sacrifiant de jeunes vierges. Boese n'est pas étranger à l'affaire, lui qui a dérobé le manteau sacré de la divinité protégeant Carthage et doit lui être offert en victime expiatoire d'ici peu… Au fil des péripéties, la lune semble toutefois poindre de nouveau, parée de couleurs sanguinaires, comme si l'histoire, en quelque lieu que ce soit, rattrapait toujours Carthage la rebelle… Inévitable punition peut-être de ceux qui, selon Clara, commettent l'erreur de "confondre virginité et pureté".

En écho avec ce récit hallucinatoire où le mystique le dispute à l'irrationnel, Thierry Robin développe, au sens graphique du terme, une fresque qui en impose par la beauté obscure des décors, la schématisation géométrique des lieux et des faciès : le mythe ne saurait se confondre avec les couleurs crues du réel, aussi convient-il de lui substituer la splendeur chromatique de l'ailleurs. Utopie et uchronie mêlées, Marcher dans Carthage une nuit sans lune propulse le curieux "dans une dimension poétique plutôt que dans l'espace-temps". Les vêtements au style Turlututu-chapeau-pointu consonent hardiment avec les superbes mosaïques retraçant les principaux points forts du récit. A côté des bulles au contour octogonal, d'audacieuses incrustations des personnages sur ces bas-reliefs ou à l'entrecroisement des cases créent un irrépressible sentiment de décalage spatio-temporel parfaitement en phase avec le ton qu'insuffle l'auteur et que scande le découpage en 3 parties renvoyant respectivement à Khayyâm, Flaubert et Hugo.

Autant de visions de Carthage, autant de Carthages dans des univers parallèles éternellement visitables par l'imaginaire. Placée en exergue de l'album, une formule d'Omar Khayyâm, loin de tout optimisme béat, résume à elle seule l'envoûtement anti-cartésien qui se dégage de ces pages enfiévrées : "Pour parler clairement et sans paraboles, Nous sommes les pièces du jeu que joue le Ciel ; On s'amuse avec nous sur l'échiquier de l'être, Et puis nous retournons, un par un, dans la boîte du néant".

Une BD dont on ressort comme on y entre : le soufflé coupé, et l'âme enfuie autre part…


Frédéric Grolleau
( Mis en ligne le 08/03/2001 )
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