| Laurand Les Dérivantes (vol.1) - De l'autre côté du lagon Les Humanoïdes associés 2007 / 12.90 € - 84.5 ffr. / 48 pages ISBN : 978-2-7316-1755-9 FORMAT : 24x32 cm Imprimer
Cest lhistoire dune petite fille, Papille, dont le papa est parti loin de la maison familiale, une auberge en loccurrence campée sur un lagon, lieu de rendez vous de tous les voyageurs : avec sa maman, Ama, elles tiennent leur commerce en attendant des jours plus gais. Les clients passent, on discute, on raconte des histoires de voyage, Papille les dessine
Ce serait presque une vie normale si loncle de Papille, le brutal Arvèche, ne décidait un jour de sy inviter de force. En labsence de son frère, présumé disparu, Arvèche, bourgmestre de la ville, entend rafler à la fois lauberge et sa belle sur, qui ferait un jolie épouse
Cest beaucoup pour les deux femmes et Ama, le soir des épousailles (bien malgré elle) senfuit avec Papille jusquà Pasticore, grande ville minière, aux prises avec un dragon cracheur dun gaz qui rend fou et qui menace la principale richesse locale
de Charybde en Scylla ? les histoires de famille sont dun compliqué, sur le lagon.
Bâtir une bande dessinée sur le thème de la fuite est, à priori, porteur : on suit donc ces deux femmes, menacées par une société masculine dure, dans leur errance, découvrant de nouvelles contrées, des sociétés étranges, croisant les errants et les sédentaires. Il sagit toutefois dun premier tome : lhistoire se met en place, lentement, sans vraiment décoller. De fait, Cest un premier album et Laurand, à la fois scénariste et dessinateur, doit encore se rôder : si les décors sont très réussis, si il y a un indiscutable sens du découpage et du rythme dans une mise en scène nerveuse, si enfin on sent une touche parfois très artistique dans certains tableaux, comme sortis dune estampe japonaise, il faut par ailleurs constater quelques désagréments : à laise avec le décor, Laurand pèche pour les visages (qui se ressemblent tous et à lexpressivité limitée) et pour les corps en mouvement, toujours un peu démantibulés, aux angles bizarres
Bref, de grandes qualités et quelques défauts gênants que la maturité devrait dépasser. Il en va de même pour un scénario un peu trop linéaire, où tout coule de source sans que le lecteur ne soit vraiment au courant des tenants et des aboutissants dune situation
On passe dune situation à lautre sans comprendre vraiment ce qui se passe : une ébauche qui demande un peu plus de profondeur en somme, et de dépasser le premier jet. Si le travail des couleurs de Delphine Rieu, remarquable, doit être souligné comme lun des éléments les plus positifs de cet album, lensemble demeure, tel quel, une petite déception, en dépit de qualités intrinsèques. Dommage.
Gilles Ferragu ( Mis en ligne le 30/04/2007 ) Imprimer | | |