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Bande dessinée  ->  Chroniques - Autobiographie  
 

Passé recomposé
 Seth   La Vie est belle malgré tout
Delcourt - Outsider 2009 /  16.50 € - 108.08 ffr. / 192 pages
ISBN : 978-2-7560-1446-3
FORMAT : 15x23 cm
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Delcourt a aujourd’hui la bonne idée de rééditer le premier livre du trop rare Seth, déjà publié chez les Humanoïdes Associés en 1998 dans la défunte (mais novatrice) collection Tohu Bohu. À l’heure des blogs et des autobiographies à tout va, La Vie est belle malgré tout aurait sans doute du mal aujourd’hui à tirer son épingle du jeu côté originalité du traitement narratif, mais à l’époque les lecteurs découvraient là un petit livre discret et beau, touchant et très personnel, une tentative originale mais sans effets de manche de se raconter et de se livrer avec simplicité. Et les lecteurs d’alors gardent pour la plupart un souvenir ému de cette bande dessinée, devenue au fil du temps un repère, une madeleine, un beau souvenir. Ce qui, la vie est bien faite, reste précisément le sujet du livre.

Avec son petit chapeau, ses lunettes rondes et son pardessus serré, Seth-le-personnage-de-BD semble sortir d’un autre monde, d’une époque révolue. Lui déteste la modernité, fustige les changements, appréhende avec angoisse le futur. Il reste profondément accroché au passé : à ses souvenirs personnels d’une part, et à toutes les choses d’autrefois aujourd’hui disparues. Il collectionne les illustrés, écoute des vieux disques (comme Crumb, comme Chris Ware…), contemple avec émotion un vieux gratte-ciel et visite avec de grands yeux des expositions de dinosaures à la scénographie désuète. Réactionnaire le bonhomme ? Non. Nostalgique seulement, et esthète raffiné avant tout : « Dans le fond, ce que j’aimerais, c’est que seuls les élément positifs perdurent avec le temps », avoue-t-il, pas dupe.

C’est cette passion pour le passé et les vieilles choses qui fournit au livre son point de départ: au hasard de ses pérégrinations bibliophiles, Seth tombe sur le travail d’un illustrateur des années 40-50 inconnu (et inventé pour l’occasion), un certain Kalo. Fasciné par le trait de ce dernier autant que par sa mystérieuse et incompréhensible rareté, Seth part à la recherche de ce dessinateur. Son enquête le mènera sur les traces de son propre passé, là où lui-même vécu étant enfant.
Seth ne fait rien d’autre que ne parler que de lui-même, Kalo n’est qu’un prétexte. Et pour autant, miraculeusement, le livre ne tombe jamais dans l’égocentrisme ennuyeux. C’est que dès lors que l’auteur parvient à nous parler de ce qu’il aime autant que de ce qu’il est, le lecteur ne peut que s’attacher à ses petits pas, chaussant comme lui un regard aimant sur ces choses du passé, ces époques terminées, ces lieux désertés, et oubliant les côtés foncièrement antipathiques du personnage.

Avec son dessin élégant comme pas un, une ligne claire au pinceau d’une grande sensualité, Seth parvient ainsi à nous embarquer dans son univers très personnel, nous donnant les clés pour mieux voir, aménageant les silences et les instants de pure sensation avec grâce. L’homme s’attache aux détails, aux lieux, aux arbres. Il sait voir, et nous montre en même temps la beauté d’un bâtiment en ruines, d’une cabane abandonnée, d’un tunnel. On le voit dans ses brefs rapports avec les autres, Seth est plus à l’aise avec les endroits qu’avec les gens… Il plus évident pour lui de dessiner ces lieux que de lier une relation avec quelqu’un. Pas dupe pour un sou, l’homme est lucide sur son incapacité à entretenir une liaison durable avec une femme. Le livre ne se veut pas exutoire ou remède, mais juste un constat des choses, un aveu.
Et comme une dernière pirouette, le fait que le personnage de Kalo soit une invention revient à semer le doute sur ce que Seth livre finalement à son lecteur. Autobiographie d’un faussaire.

Heureux seront ceux qui découvriront aujourd’hui La Vie est belle malgré tout, dans une réédition fidèle à l’originale avec ses fonds sépia et sa jolie couverture. À coup sûr, il y a un avant et un après.


Alexis Laballery
( Mis en ligne le 02/03/2009 )
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