| Enrique Bonet Jose-Luis Munuera Le Signe de la Lune Dargaud 2009 / 15.50 € - 101.53 ffr. / 136 pages ISBN : 978-2-2050-6265-6 FORMAT : 24x32 cm Imprimer
LEspagne des années 20 : un petit village perdu, une forêt sombre et touffue, une tour délabrée et que lon dit hantée, et des enfants, des mômes de toute sorte. Il y a Ruffo, le petit dur du coin, méchant comme une teigne, toujours escorté de ses acolytes, deux gros garçons pas futés, et face à lui, Brindille, qui plie mais ne rompt pas. Brindille ami des bêtes des bois, amoureux désolé de la belle Artémis
que tout le monde aime. Mais Artémis, elle, ne rêve que de la Lune. Et lorsquun jeu nocturne, pensé par létrange Pif plus gnome quhumain entraîne les enfants dans la forêt sombre, cest le drame, laccident idiot qui voit le petit frère chéri dArtémis se noyer dans un puit, à la recherche dun trésor. Un traumatisme pour la petite fille, qui décide de rester cloîtrée tandis que le temps passe. Un traumatisme aussi pour Brindille, bien décidé à conquérir cette belle, mais qui trouvera de nouveau Ruffo, devenu, le « chevalier » Ruffo, contre lui. Reste le hasard, qui sinsinue dans ce drame rural sous la forme dun énigmatique bohémien
Lalbum est étonnant : le pinceau de Munuera, fin et subtil, dessine un paysage fantastique, et donne aux enfants des traits déjà très adultes, taillés au couteau. Le décor est sobre, rural, et les ombres y jouent un rôle majeur, pour un album qui entremêle les peurs de lenfance et la dureté du monde des adultes. Une manière dexplorer un imaginaire un peu fruste, celui dune bande de gamins de la campagne, dont lunivers, local, réduit, prend des allures fantastiques (avec un monstre caché dans un puits, et une Lune qui quoique silencieuse, assure une vraie présence)
Pour ce drame qui finit bien, le trait est sombre, la couleur rare (on pense à Sambre de Yslaire : même usage restreint du rouge, seule couleur admise dans lalbum
et encore, un rouge sang, glaçant !), et pâle, et le scénario dEnrique Bonet, quasiment noir. Il y a peu de bonheur dans ce drame espagnol, et beaucoup de souffrances : une histoire émouvante denfants qui grandissent mal. Le seul personnage un peu fantasque, et qui incarne un peu la magie de lenfance, est le bohémien, un peu fou, un peu magicien amoureux éternel
Un conte, à lire pour les jours de pluie, magnifiquement mis en image, joliment triste et doucement poétique.
Gilles Ferragu ( Mis en ligne le 24/11/2009 ) Imprimer
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