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Bande dessinée -> Chroniques - Autobiographie |
| Lewis Trondheim Les Petits Riens (tome 6) - Deux ou trois mois d’éternité Delcourt - Shampooing 2013 / 11.50 € - 75.33 ffr. / 128 pages ISBN : 978-2-7560-4041-7 FORMAT : 14,7x21 cm Imprimer
A la lecture de ce sixième opus des Petits riens de Lewis Trondheim, il est temps de faire plusieurs constats. Tout dabord de constater que la vie dauteur de bande dessinée est une vie de globe-trotter et quentre les congrès, festivals, présentations douvrages, vacances et tournées promotionnelles, Lewis Trondheim aura sans doute fait plusieurs fois le tour de la planète. Première conclusion : si vous voulez voyager, mieux vaut la BD que devenir hôtesse de lair. Mais cette conclusion appelle un bémol immédiat : Trondheim, tout à la fois dessinateur, scénariste, éditeur et autres casquettes, a un joli talent, qui fait quon ne se lasse décidément pas de ces petits moments de vie, pris sur le vif et observés avec une distance ironique.
Est-ce une version dessinée de la téléréalité, la possibilité de sinsinuer dans le quotidien de lauteur et de partager son regard caustique sur lunivers et sa personne ? On sourit donc, avec compassion lorsquil évoque, stoïque, la fin de son chat, avec une inquiétude rétrospective lorsquil parle des dangers de Rio, avec commisération lorsquil a la grippe. Tout lart de Trondheim réside dans ce minimalisme : non pas graphique (et là, au contraire, les belles aquarelles se multiplient) mais plutôt émotionnel. Il sagit dun humour retenu, pince sans rire, plus britannique que gaulois, mais qui fait mouche car, dune mesquinerie assumée à un satisfaction honteuse, Trondheim ne fait que mettre des mots et des images sur des sentiments universels. Car chaque page apporte son lot dévénements terribles et minuscules : le face à face avec la mort du chat, la peur de linconnu dans lavion et de lavion, la quête improbable du parapluie, un jour de déluge, les scènes bizarres, cocasses ou inquiétantes du quotidien, le tout au prisme dun auteur un peu stressé, un peu hypocondriaque. Trondheim fait, dans ces pages, ce que Woody Allen fait avec une caméra : une exploration sarcastique de lui-même, aux prises avec lExistence, ce boss de fin de niveau si terrifiant. Un opus aussi réussi que les précédents, et un charme qui, décidément, ne se fane pas
Gilles Ferragu ( Mis en ligne le 24/06/2013 ) Imprimer
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