L'actualité du livre Vendredi 29 mars 2024
  
 
     
Le Livre
Bande dessinée  ->  
Comics
Manga
Historique
Réaliste
Fantastique
Science-fiction
Policier - Thriller
Aventure
Humour
Adaptation
Jeunesse
Les grands classiques
Chroniques - Autobiographie
Revues, essais & documents
Entretiens
Illustrations, graphisme et dessins d’humour
Autre

Notre équipe
Littérature
Essais & documents
Philosophie
Histoire & Sciences sociales
Beaux arts / Beaux livres
Jeunesse
Art de vivre
Poches
Sciences, écologie & Médecine
Rayon gay & lesbien
Pour vous abonner au Bulletin de Parutions.com inscrivez votre E-mail
Rechercher un auteur
A B C D E F G H I
J K L M N O P Q R
S T U V W X Y Z
Bande dessinée  ->  Policier - Thriller  
 

Love from Trituro
Anthony Pastor   Castilla Drive
Actes Sud - l'An 2 2012 /  19 € - 124.45 ffr. / 160 pages
ISBN : 978-2-3300-0507-8
FORMAT : 16,5x24 cm
Imprimer

Après l’imposant et percutant Las Rosas, Anthony Pastor revient avec un album aux dimensions plus modestes mais à la richesse narrative et formelle toujours aussi grande. Encore trop méconnu, cet auteur aligne depuis maintenant cinq années des œuvres très originales, marquées par un style graphique qui ne ressemble à aucun autre (et en constante évolution, on y reviendra), un ton très personnel mais qui n’oublie pas de raconter des histoires et de faire vivre des personnages. De la bande dessinée d’auteur qui sait rester accessible, et qui se plaît à aller chercher dans les grands genres (en l’occurrence, généralement le polar américain) des sources d’inspiration vers de nouvelles destinations narratives. C’est tout le paradoxe et le mérite des œuvres de Pastor, comme peuvent l’être les films des frères Coen ou, dans un autre genre ceux de Tarantino. Le grand genre populaire est ici revisité, trituré (le décor de cet album est d’ailleurs une ville, imaginaire, du nom de Trituro), pour donner un récit qui semble à la fois connu, rempli de clichés et pourtant totalement nouveau et inédit.

L’histoire commence par ce qui semble être un malentendu. Un homme, Osvaldo Brown, se rend dans une agence de détectives mais le propriétaire des lieux est parti depuis quelques années, abandonnant ses enfants, sa femme et son affaire. Depuis, c’est son épouse, Sally, qui a repris, plus ou moins à plein temps le boulot du mari fuyard. Et c’est elle qui va enquêter sur le cas de ce touchant bonhomme qu’est Osvaldo. Lui est « le survivant », celui sur qui on a tiré il y a quelques mois de ça, lui l’homme de ménage sans histoires et qui ne demande rien à personne. Pourquoi a-t-on voulu le supprimer ? Est-ce l’affaire d’un fou ? Ou y a t-il autre chose de plus complexe dans cette histoire aux nombreux rebondissements.

Comme dans ses précédents récits, Pastor fait évoluer ses personnages dans des décors d’une Amérique rêvée. Ou plutôt en fin de rêve. Lorsque tout le doré a été usé, patiné, rogné jusqu’à l’os. Ne restent que des ruines, des villes désertées, des entrepôts désaffectés et des hôpitaux bondés. Pour accentuer l’étrangeté de ce rêve brisé, Pastor plonge sa ville que l’on situerait proche de la frontière mexicaine, et donc habituée aux grandes chaleurs, dans un climat glacé où la neige tombe soudainement à gros flocons.

Si les dialogues sont toujours finement travaillés, c’est dans la mise en scène générale que Pastor brille particulièrement. L’auteur possède l’art raffiné de la caractérisation discrète et sûre. Ainsi, Sally, belle femme mais qui n’a plus son corps de 20 ans et qui se cache la poitrine par pudeur après une nuit d’amour. Les personnages de Pastor ne sont pas des canons de beauté. Ils ont souvent des trognes, des looks bien marqués. Loin des trop nombreuses publications actuelles où tout le monde ressemblent à des gravures de modes fadasses et sans aucun caractère, les différents protagonistes sont ici empotés, mal assurés, avec un charisme bien caché, derrière des pansements et des bourrelets. De même, le dessin de Pastor ne cherche pas à séduire, et ne fait pas dans le « beau ». C’est un trait un peu grossier mais qui cache derrière cette apparente rusticité une calme précision.

Bourré d’idées et de scènes marquantes (la devanture de l’entrepôt comme un écran noir hypnotique, le personnage d’Osvaldo qui se trimballe ses pansements sur le crâne toute la durée de l’album, le final sous la tempête de neige…), Castilla Drive est à la fois un policier finement écrit et qui tient en haleine jusqu’au bout, une histoire d’amour touchante entre des gens « normaux », un conte de noël et une formidable bande dessinée.


Alexis Laballery
( Mis en ligne le 10/06/2012 )
Imprimer

A lire également sur parutions.com:
  • Las Rosas
       de Anthony Pastor
  • Hotel Koral
       de Anthony Pastor
  • Ice Cream
       de Anthony Pastor
  •  
    SOMMAIRE  /  ARCHIVES  /  PLAN DU SITE  /  NOUS ÉCRIRE  

     
      Droits de reproduction et de diffusion réservés © Parutions 2024
    Site réalisé en 2001 par Afiny
     
    livre dvd