| Matz Luc Jacamon Le Tueur (tome 6) - Modus vivendi Casterman 2007 / 9.80 € - 64.19 ffr. / 56 pages ISBN : 9782203001817 FORMAT : 22,5x30 cm Imprimer
On lavait laissé à peu près tranquille au Venezuela, décidé à couler des jours heureux dans un havre de paix, une retraite bien méritée
Après une courte carrière dassassin, le tueur se rangeait des voitures et, sans passer par la case prison, sinstallait dans un confort douillet avec jeune épouse et bébé à pouponner. Happy end
? Pas crédible pour les fans du personnage ! Alors bonne nouvelle pour tous les amateurs de polars noirs et de complots en tous genres sur fond de tequila : le tueur est de retour.
La première série avait été une révélation pour les amateurs de thriller : Luc Jacamon, au pinceau, et Matz, au scénario, sinstallaient pour 5 tomes dans la peau dun tueur, un vrai. Froid, méthodique, efficace et sans trop de scrupule, pas forcément sympathique, mais sérieux dans son boulot. Le visage en lame de couteau, le geste sobre, la parole rare, discret et mortel à la fois. On le rencontrait dans sa jeunesse, plus ou moins touché par la vocation, puis on le retrouvait tueur accompli dans un contrat vaguement pourri, pour quelques narcotrafiquants teigneux. La première série déroulait, dans un scénario implacable, un piège auquel notre tueur sefforçait déchapper, avec méthode et sans arrières pensée, comme un crocodile plongé dans un panier de crabes.
Après quatre années à se la couler douce, notre jeune retraité sennuie (ouf !) et pour tromper son ennui, décide de reprendre gentiment du service, piloté par Mariano, lun des rares rescapés de la série précédente, ci-devant neveu dun parrain mafieux et amateur de coups divers et variés. Le contrat est un classique du genre : il sagit de liquider un banquier et un courtier international
Un petit contrat pépère, mais la troisième cible est plus inhabituelle : Madre Luisa, une religieuse, version venezuelienne de mère Teresa
Pas la cliente habituelle ! Voilà qui sent incontestablement mauvais. Alors : tuera / tuera pas ?
Amateur de simplicité, le tueur a le chic pour mettre le doigt dans les affaires franchement louches
Et une fois de plus, le lecteur sent bien que le scénario concocté par Matz, une pointure du genre (Cyclopes, Shandy
) sera, à la hauteur des tomes précédents, bien tordu et vicieux, avec en plus une pointe de politique fiction pour relever la sauce criminelle. On retrouve donc avec plaisir ce personnage fascinant et peu engageant, ses monologues dassassin bien éduqué et volontiers philosophe, et ce monde, proche du nôtre, peuplé de mafieux, dagents secrets, de flics véreux, de truands, un monde cruel et violent, où les gentils ne gagnent pas forcément. Et une fois de plus également, le graphisme de Jacamon fait merveille : une mise en scène vive et efficace, genre thriller cinématographique, un jeu constant sur les vignettes, les couleurs, les ombres et les lumières dans un décor tropical et sud américain qui semble couler de sources. Et surtout, des personnages fignolés, très cohérents, objets de toutes les attentions des auteurs : une galerie de portraits louches, qui se reflète dans le regard sans âme du tueur. Un thriller graphique plutôt quun album, et un nouveau cycle très prometteur. Que du bonheur
En fait, le seul point négatif de ce come back attendu et réussi, cest le retard consécutif enregistré par dautres séries tout aussi attendues, comme Cyclopes ou Shandy
Le bonheur est une chose décidément compliquée
Gilles Ferragu ( Mis en ligne le 28/10/2007 ) Imprimer
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