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Légendaire
Carlos Sampayo   José Muñoz   Alack Sinner (tome 2) - L’âge des désenchantements
Casterman 2008 /  17.95 € - 117.57 ffr. / 328 pages
ISBN : 978-2203-006560
FORMAT : 18,4x26 cm
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Au début de la dernière aventure présentée ici, deux jeunes joggeuses croisent la course d’un athlétique Alack Sinner. « Tu l’imagines jeune ? », demande l’une des deux. Le lecteur n’a pas a imaginé, il connaît Alack depuis un bon moment ; il connaît son passé de flic, puis sa reconversion en détective privé et même sa carrière de taxi. Il connaît ses enquêtes et ses conquêtes, Sophie et Enfer, il connaît ses coups de blues et ses coups de gueule, il connaît même son père, sa sœur, et sa fille. Avec cette série emblématique de la bande dessinée, Muñoz et Sampayo - l’un dessine, l’autre écrit – ont raconté l’histoire d’une vie, d’un homme foncièrement seul, pas forcément par choix. Un homme lucide et naïf à la fois, doté d’un cœur gros comme ça mais ne l’offrant pas à n’importe qui, plus proche des petites gens que des grosses pointures qui suintent.

En le faisant vieillir à chaque nouvelle aventure, les auteurs marchent ici sur les traces, finalement peu fréquentées, de Charlier et Giraud et de leur Lieutenant Blueberry ; à savoir l’évolution dans le temps d’un personnage de série, qui plus est série issue d’un genre « populaire », le western ou le polar, là où souvent les héros ne vieillissent pas, ne meurent pas. Faire vieillir son héros c’est prendre le risque de, un jour, le faire mourir, et le perdre. C’est une démarche artistique forte, un pari risqué qui ne doit pas s’encombrer de regrets ou de retours en arrière, et qui demande une emprise forte sur son univers, une sérieuse rigueur sous peine de passer à côté de son sujet.
Et en présentant les aventures de Sinner de façon chronologique, cette édition intégrale en deux volumes (indispensables pour qui ne veut pas mourir idiot) met bien en évidence ce chemin de vie pas banal et pourtant sans cesse ponctué de chagrins anodins, de réflexions juste humaines, et d’étapes charnières comme dans n’importe quelle vie. Ainsi, en début d’ouvrage, on retrouve un Alack vieilli, toujours un peu plus bourru, portant des lunettes pour lire et accompagnant sa fille à l’école. La dernière aventure se déroule en 2001, un mois avant le 11, laissant un Alack encore un peu plus ridé, et cette fois grand-père, trouvant du réconfort et une envie de continuer à vivre encore un peu en regardant ce bout de chou grandir.

On l’aura compris, plus qu’une simple bande dessinée policière (aux intrigues toujours affreusement compliquées), Alack Sinner reste un grand roman noir, où les codes du genre - de la femme fatale aux politiques véreux – sont présents sans toutefois n’être que des silhouettes anodines. Les rôles de chacun restent primordiaux, élaborant peu à peu l’image d’une cité violente et crue, où les petits sont écrasés par les grands, où l’argent et la soif de pouvoir priment devant la solidarité et l’entraide. Auteurs engagés, Muñoz et Sampayo brocardent à tour de planches et de New York à Paris les beaufs, les gangsters, les ripoux, le racisme, l’esclavagisme moderne, le pouvoir ou le terrorisme. Et, slalomant entre ces obstacles, Sinner poursuit une course continuelle pour garder sa liberté, comme un symbole, un porte-drapeau.

Toute la mise en scène établie par les auteurs revient à donner ce continuel sentiment d’insécurité, de violence urbaine, de chaos : les répliques se chevauchent, les silhouettes se confondent, les masses de noir et de blanc se mélangent dans des enchevêtrements proches de l’abstraction, les voix fusent ici et là, les pensées intérieures s’opposent aux cris. Le dessin de Muñoz, tout en contrastes audacieux, plonge des silhouettes déformées dans des décors sales et d’humeurs hystériques. Seule la neige immaculée, licence poétique qui ne dure jamais très longtemps, donne un semblant de pureté à cette ville dans les premières planches de « Nicaragua ». C’est dans ce déséquilibre constant que Sinner se fraye un chemin, et forcément il n’en sort pas toujours indemne. Mais après 30 ans, il est toujours là, définitivement légendaire.


Alexis Laballery
( Mis en ligne le 04/02/2008 )
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