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Bande dessinée  ->  Les grands classiques  
 

Deux oncles d’Amérique
Carl Barks   La Dynastie Donald Duck, Intégrale Carl Barks (tome 7) - 1956-1957 - Une affaire de glace et autres histoires
Glénat 2012 /  29.50 € - 193.23 ffr. / 384 pages
ISBN : 978-2-7234-8889-1
FORMAT : 17,5x24,8 cm
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Le septième volume de l’intégrale des canards de Carl Barks ravira à nouveau tous les amateurs de Donald, de Picsou et de leur petite famille. Le dessinateur livre dans ces années 1956-1957 une autre fournée de ses meilleures histoires : de nombreux courts récits, dans lesquels il continue une comédie de mœurs riche en gags, et des aventures plus longues. Notamment deux récits classiques, Au pays des Indiens pygmées et Les Mines du roi Salomon.

Pour compléter la lecture, les textes de présentation regorgent encore d’anecdotes et de documents surprenants (on regrettera seulement que leur traduction ne soit pas coordonnée avec celles des bandes dessinées), notamment quelques pages d’une histoire de Pluto coécrite par Barks avant sa reprise de Donald.

A relire ainsi la grande épopée des canards dans l’ordre chronologique, on retrouve, outre une efficacité et un amusement qui n’ont pas vieilli, un peu de l’esprit contestataire originel de Barks. Ce que lui-même qualifiait de « satire », et qui marquait plus simplement une forme de méfiance vis-à-vis des discours établis. Dans ses histoires, rien n’est jamais statique, rien n’est jamais simpliste. L’homme des canards évite la morale et le conservatisme ambiant, à l’inverse des pratiques établies chez Disney, et à l’inverse aussi d’une bonne part de ses successeurs, Don Rosa y compris.
On note en général, dans ce volume, les interférences continuelles avec la pensée américaine contemporaine. C’est d’abord la création de la Brutopie, une dictature évoquant très nettement le communisme – même si Barks ne reconnaissait pas ouvertement que son ambassadeur ressemblait à Khrouchtchev. Nous sommes en 1957 et, même si la guerre froide a évolué en « coexistence pacifique », les deux grandes puissances continuent à s’affronter à travers les crises de Budapest ou de Suez.
Plus surprenante, la revendication d’un héritage international. Pas d’Amérique triomphante. Barks a toujours utilisé les mythologies antiques, celles de la Grèce ou du monde scandinave ; il utilise ici la légende des Mines du roi Salomon, et s’amuse à détourner le cliché des bandits orientaux en montrant un bédouin rêvant de danser le Calypso en Jamaïque. Dans un autre épisode, il oppose un Donald féru de chevalerie à une bourgeoisie fan de western et de cosmonautes. Le passé est peut-être ridicule, nous dit le dessinateur, mais il a encore un sens aujourd’hui.

Notons surtout le discours progressiste sur les indiens. Au cinéma, dans les années 1950, ceux-ci commencent à avoir un rôle plus positif, avec La Flèche brisée ou La Dernière Chasse, mais d’autres films entretiennent une vision colonialiste. Le Red Power n’a pas encore commencé ; Barks a déjà choisi son camp, c’est celui des aborigènes : que ce soit en Amazonie (La Vallée Interdite) ou au nord du lac Supérieur (Au pays des Indiens pygmées), il peint la rencontre entre une nature riche et pure et la civilisation venue la corrompre. Picsou incarne face aux pygmées les mines et les usines polluantes. C’est une image du capitalisme pas si rose, rempli de bruit et de fumée, et dont on se moque plus qu’on n’y trouve un modèle.

A prendre position, délicatement, dans l’évolution culturelle des États-Unis, Barks montre qu’il savait réajuster son œuvre en permanence, pour la moderniser. Elle n’en est pas moins intemporelle.


Clément Lemoine
( Mis en ligne le 18/05/2012 )
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