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Bande dessinée  ->  Les grands classiques  
 

Sayonara, Spirou-san
Jean-David Morvan   Jose-Luis Munuera   Spirou et Fantasio (n°49) - Spirou et Fantasio à Tokyo
Dupuis 2006 /  8.50 € - 55.68 ffr. / 64 pages
ISBN : 2-8001-3844-0
FORMAT : 21,5x30 cm

Également disponible:
Le guide de l'aventure à Tokyo
Making-of et carnet de voyage, rempli de photos et de croquis, et comprenant le premier chapitre de Spirou version manga.
96 pages, 19.50€
ISBN 2-8001-3856-4

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Un titre d'un classicisme rassurant, qui rappelle les grandes heures de la période Tome & Janry (Spirou à New York, Spirou à Moscou) ; une couverture très réussie qui frappe par sa simplicité et son efficacité : à première vue, ce troisième album du duo Morvan/Munuera semblait plutôt alléchant. Pourtant, les antécédents des deux compères, qui ont repris en main la série mascotte des éditions Dupuis il y a maintenant 3 ans, ne sont guère brillants. On se souvient de leurs débuts désastreux avec Paris-sous-Seine, un album bancal et qui prenait l’eau. Avait suivi L'Homme qui ne voulait pas mourir, tentative très peu convaincante d'un retour à la grande aventure franquinesque. Voici maintenant Spirou à Tokyo; l’album de la maturité, enfin ? Rien n’est moins sûr.

Ce nouvel opus souffre malheureusement des mêmes défauts que ses deux prédécesseurs. Alors que la pagination ne cesse d'augmenter (46, puis 54, puis 62 planches), les scénarios proposés par Morvan sont toujours aussi désespérément vides. L’intrigue, faiblarde et à peine ébauchée, n’est qu’un vague prétexte à une succession de poursuites et de combats, doublés d’un côté « guide touristique » un peu trop insistant (on a même droit à une petite visite des W.-C. japonais, où Fantasio « vient de faire ce que même les héros doivent faire » – sic).
Il faudra attendre la planche 45 (!) pour que nous soient enfin expliquées les raisons de la présence de Spirou à Tokyo. Ce procédé aurait pu générer un suspense intéressant, mais, à ce stade de l’album, le lecteur a décroché depuis longtemps, découragé par cette histoire mal rythmée, confuse et vaine ; par les scènes d’action trop énormes et trop imprégnées de fantastique ; par une mise en page trop dense et chargée d’effets cinématographiques inutiles (la palme revenant à l’effet de « mise au point » planche 20, typique de ce courant de mode qui voudrait faire de la bande dessinée le cinéma du pauvre). Bref, chez Morvan et Munuera, on s’agite beaucoup pour pas grand-chose.
On se prend très au sérieux, également : outre le fait que le scénariste, dont le credo est de rendre ses personnages « plus humains », en rajoute dans l’émotion et les bons sentiments, on remarquera, une fois de plus, l’absence quasi-totale d’humour. Les rares pitreries de Spip et de Fantasio tombent à plat. Et surtout, pourquoi avoir réintroduit l’une des meilleures créations de Fournier (en la personne de l’illusionniste Itoh Katah), si c’est pour le dénaturer en lui ôtant toute fantaisie ? Quant à ses trois collègues, tout droit sortis de L’Ankou, ils n’ont absolument rien à faire dans cette histoire et se contentent d’un rôle de figuration.

Évoquer Fournier à propos de Spirou à Tokyo rappelle d’ailleurs, par contraste, à quel point l’esprit de la série est absent de cet album. L’influence du manga, déjà très présente (dans le dessin, dans la mise en scène) depuis Paris-sous-Seine, prend ici, le thème aidant, une nouvelle dimension. Des scènes de judo absolument ridicules (on se demande bien où notre Spirou a acquis cette parfaite maîtrise des arts martiaux !), aux combats de mékas (robots géants) animés par deux gamins aux pouvoirs surnaturels, rien ne nous est épargné.
Bien entendu, les défenseurs du Spirou nouveau s’empresseront de condamner l’étroitesse d’esprit des « puristes » : la série doit évoluer, se moderniser, être de son temps ! Cependant, l’acharnement grossier de l’éditeur à tenter de séduire le jeune public en surfant sur le succès des mangas semble bien pathétique. Ce mariage absurde entre deux univers qui n’ont aucun rapport (malgré leur richesse respective) est-il la seule voie d’avenir pour la série ? Bien sûr que non. Yoann et Vehlmann l’ont d’ailleurs brillamment démontré il y a quelques mois, avec Les Géants pétrifiés (qui inaugurait la collection parallèle Spirou one-shot) : un album vraiment réussi, à la fois très moderne et tout à fait dans le ton.

Pourtant, Dupuis semble prêt à poursuivre la voie tracée par Spirou à Tokyo. Morvan est allé jusqu’à faire dessiner, par un artiste japonais, une version manga des aventures de Spirou. « L’événement de l’année ! Découvrez l’adolescence de Spirou, racontée de droite à gauche ! » nous assène-t-on (car, c’est bien connu, une histoire racontée de droite à gauche est tout de suite beaucoup plus intéressante). Le résultat n’a rien de scandaleux ; il est même plutôt amusant, pour peu qu’il s’agisse d’une simple expérience dans la foulée du nouvel album. En revanche, si, comme il en est question, Spirou version manga est appelé à faire l’objet d’une publication régulière au Japon, l’initiative laisse songeur quant à son intérêt.
En attendant, cette aventure de Spirou pas comme les autres est publiée en France dans l’album « 49Z » : Le guide de l’aventure à Tokyo, un livre qui sort en même temps que Spirou à Tokyo, et qui se compose principalement d’une sorte de carnet de voyage à la maquette particulièrement hideuse.

Décidément, la nouvelle orientation que prend peu à peu la série risque fort de lui faire perdre son identité. Heureusement que la collection Spirou one-shot dont on attend deux livraisons très prometteuses pour 2007 (un album de Fabrice Tarrin & Yann, et un autre de Franck Le Gall), est là pour combler les déçus de la série mère.


Michaël Bareyt
( Mis en ligne le 25/09/2006 )
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