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Vers l’Orient compliqué
Jean-Pierre Filiu    David B.   Les meilleurs ennemis (Troisième partie -1984-2013) - Une histoire des relations entre les Etats-Unis et le Moyen-Orient
Futuropolis 2017 /  18 € - 117.9 ffr. / 95 pages
ISBN : 978-2-7548-1755-4
FORMAT : 23,5x33 cm
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Il faudrait peut-être commencer par l’image finale, celle d’un portrait de groupe du Moyen Orient, entre stéréotype et réalité : des soldats, des miliciens, des mollahs, des femmes diversement voilées, des civils, des enfants… autant de visages qui vous contemplent et vous invitent à réfléchir et penser autrement que de manière binaire. Le monde est un endroit compliqué certes, mais le Proche-Orient l’est tout particulièrement, et Les meilleurs ennemis s’emploie, depuis déjà 2 tomes, à questionner cette complexité au prisme des relations internationales. En partant des rapports entre Amérique et monde arabo-persan, Jean- Pierre Filiu et David B. explorent, avec un visuel très onirique qui joue des métaphores et des symboles, l’histoire récente et agitée. Avec ce troisième tome, qui couvre la période actuelle (1984-2013), on entre dans une chronologie connue, aux développements encore en cours : les affaires irakiennes et leurs lendemains saignants. L’arrivée au pouvoir à la Maison blanche, d’une nuée de faucons volant autour de Georges Bush père, coïncide en effet avec la décision, irakienne, d’envahir le Koweit : dans la tempête (du désert) qui se lève, des tensions éclatent. Les Chiites irakiens, majoritaires démographiquement mais minoritaires politiquement, se lèvent, de même que les Kurdes. La reprise en main sera impitoyable, en marge des tentatives de pacification entre Israël et la Palestine. Et sans compter les affaires libanaises, l’émergence du Hamas, l’affirmation d’Al Qaidà, les soucis du couple Clinton et l’avènement d’un héritier mal fagoté, Georges W. Bush. Manque une étincelle : ce sera un bûcher terrifiant, celui des tours jumelles… tout cela pour revenir à l’Irak. Mais dans une ère nouvelle, entre terrorisme global, fantasmes d’armes absolues, et de démocratisation du monde. Et le lexique qui va de pair : « l’axe du mal » sonne quand même mieux et donne à ce conflit un petit air hollywoodien bien plus vendeur. Et ce n’est pas l’arrivée d’un Obama nobelisé (peut-être un peu prématurément) qui va changer la donne orientale. On aurait pu croire que son soutien aux révolutions arabes de 2011 serait plus libérateur, mais ces mêmes révolutions tournent au drame, à la guerre civile et confirment s’il en était besoin, l’Amérique dans sa volonté de ne plus s’impliquer au Proche Orient. Vers l’Orient compliqué, je n’irais plus maman…

La boucle est bouclée, la trilogie est complète et avec ce troisième volume, les auteurs peuvent se dire qu’ils terminent en beauté. La synthèse était pourtant complexe et on aurait pu douter qu’un volume de dessin suffise à rendre compte de la situation actuelle, relativement inextricable. Mais voilà, les vignettes parlent, les idées s’enchaînent, et l’on saisit – si l’on se tient un peu au courant quand même – la dynamique générale. Pas d’effet de loupe ici, c’est le Proche et le Moyen-Orient au sens large que les auteurs parcourent, afin de restituer une séquence chargée de l’histoire actuelle, une séquence où l’on peut mesurer le poids de la Maison Blanche et de ses conceptions, mais également aussi de son éloignement, dans un monde troublé et fracturé. Si une impression demeure, rendue manifeste par cette série, c’est le contraste entre le poids de quelques individus, et le destin collectif de millions de gens. En jouant sur les images, les codes, les stéréotypes, David B. sait donner à ce face-à-face inégal une densité particulière. En prenant le parti de dessins fantastiques et naïfs, il souligne la réalité de ces relations de pouvoir qui brutalisent le monde. Une trilogie parfaitement menée, et une démonstration toujours utile de collaboration entre art et réflexion universitaire. Pour président des USA nouvellement élu, et tout amateur d’actualité.


Gilles Ferragu
( Mis en ligne le 13/01/2017 )
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