L'actualité du livre Jeudi 28 mars 2024
  
 
     
Le Livre
Bande dessinée  ->  
Comics
Manga
Historique
Réaliste
Fantastique
Science-fiction
Policier - Thriller
Aventure
Humour
Adaptation
Jeunesse
Les grands classiques
Chroniques - Autobiographie
Revues, essais & documents
Entretiens
Illustrations, graphisme et dessins d’humour
Autre

Notre équipe
Littérature
Essais & documents
Philosophie
Histoire & Sciences sociales
Beaux arts / Beaux livres
Jeunesse
Art de vivre
Poches
Sciences, écologie & Médecine
Rayon gay & lesbien
Pour vous abonner au Bulletin de Parutions.com inscrivez votre E-mail
Rechercher un auteur
A B C D E F G H I
J K L M N O P Q R
S T U V W X Y Z
Bande dessinée  ->  Revues, essais & documents  
 

Mythologie de papier
Chip Kidd   Geoff Spear   Super Héros - La magie d'Alex Ross
Carnot 2004 /  35 € - 229.25 ffr. / 288 pages
ISBN : 2848550899
FORMAT : 24 x 31 cm
Imprimer

Lorsqu’en 1994 paraît aux Etats-Unis la série intitulée simplement Marvels, le monde du comic book vacille quelque peu sur ses bases. Certes, la secousse n’est pas aussi importante que celle provoquée huit ans plus tôt par un certain Alan Moore et son indépassable Watchmen, mais la mini-série dessinée par un presque parfait inconnu marque les lecteurs avec force par son graphisme totalement novateur pour le genre. Marvels met en scène les plus grands super-héros créés par la firme concurrente de DC et ce, avec un dessin mélangeant audacieusement les compositions dynamiques de Jack Kirby, la force du trait de George Perez et surtout le rendu hyperréaliste des peintures de Norman Rockwell. L’essai est transformé quelque temps plus tard lorsque Alex Ross, car c’est bien de lui dont il s’agit ici, publie la saga en quatre épisodes Kingdom Come : les super-héros, vieillissants, reprennent du service alors que la Terre semble condamnée à sombrer dans la haine et la violence. D’autres histoires marqueront la carrière de Ross jusqu’à aujourd’hui : Peace on Earth, mettant en scène un Superman médecin du monde (réponse tardive aux doutes énoncés par Umberto Eco dans un texte resté célèbre…), ou encore, plus récemment, Uncle Sam, nommé au Festival d’Angoulême 2002 dans la catégorie du meilleur album.

Là où un Rob Liefeld et un Jim Lee jouent la surenchère sur des personnages outrageusement body-buildés, Alex Ross préfère présenter un environnement réel, une pose plausible, un corps anatomiquement correct. Les planches de Ross portent en elles un charme délicieusement rétro, aux limites du kitsch parfois, mais offrant un regard saisissant sur des personnages mille fois dessinés et à qui plus rien de nouveau ne semblait pouvoir advenir. C’est que, pour ne prendre que le cas de Superman, depuis sa naissance en 1938, le réfugié kryptonien avait été passé à toutes les encres, parfois martyrisé par des dessinateurs peu scrupuleux, jusqu’à devenir une image vide, reconnaissable au seul logo sur son poitrail, et pour qui les cheveux longs semblaient représenter le summum de l’évolution graphique. Avec Alex Ross, l’homme d’acier retrouve toute sa force d’origine, une présence incontournable, un visage et une âme.

Le style de Ross, inimitable et immédiatement reconnaissable, prône une représentation réaliste des êtres et des choses. Technicien hors pair, maîtrisant sur le bout des pinceaux les questions d’anatomie, d’éclairages et de perspective, Ross confronte la rigueur du dessin académique à la folie inhérente aux exploits des super-héros en collant. Pour lui, la stylisation n’a pas lieu d’être si elle dénature ce qui doit être représenté. Fervent partisan du rendu photographique, Ross élabore ses images avec un soin extrême, travaillant chaque détail avec minutie et une envie permanente de rendre réels, plausibles, les exploits extraordinaires des Superman, Batman et autre Captain Marvel. Finis les aplats de couleurs rapidement ajustés sous ordinateur ; c’est le retour au traditionnel, à l’artisanal et aux techniques des grands peintres : texture, grain, relief, Ross ne néglige aucun aspect pour obtenir l’effet recherché. Le résultat est tout d’abord surprenant, déroutant comme si, avec les dessins d’Alex Ross, le lecteur découvrait pour la première fois le vrai visage de ses héros. En mêlant ainsi le fantastique à la réalité, Ross donne à ses héros de papier une dimension supplémentaire, une aura mythique, un air de demi-dieu en visite chez les humains.

Avec ce superbe livre, les éditions Carnot reviennent sur le travail de cet étonnant dessinateur. Non pas un révolutionnaire du comic, puisqu’il a toujours été le seul sur son terrain, mais un artiste authentique et sincère. Après une biographie succincte mais suffisante, les chapitres suivent par ordre d’importance les personnages clés de la firme DC (exit les X-Men ou les Fantastic Four donc…) et leur traitement par Ross. Suivent un retour sur les différents albums, la méthode de travail de l’artiste et enfin une courte histoire inédite de huit planches mettant en présence les inépuisables figures de proue que sont Superman et Batman.

Le portrait d’Alex Ross dressé au fil des chapitres par Chip Kidd est celui d’un homme passionné, un travailleur infatigable, un perfectionniste rarement satisfait de ses œuvres. Modeste et discret, Ross passe la plupart de son temps dans son atelier, à travailler sur quantité de nouveaux projets. Mais c’est aussi un lecteur infatigable de comics, respectueux des pères fondateurs, un authentique fan des super-héros, incollable et ayant gardé son âme d’enfant devant les exploits des justiciers masqués. Plusieurs travaux présentés dans cet ouvrage sont d’ailleurs de nouvelles versions, façon Alex Ross, d’images issues de vieux épisodes dessinés par Neal Adams, Joe Shuster ou encore Bob Kane.

Le livre est rempli d’images jusqu’à ras bord. Rarement un beau livre sur le genre aura contenu autant de documents, la mise en page étouffant parfois sous le poids des reproductions, mais qui se plaindrait d’une telle richesse ? Esquisses, story-boards, photos de modèles, couvertures, posters, dessins de jeunesse, projets avortés… l’iconographie est colossale et touche à toutes les phases de création du travail de Ross. Chaque page révèle une nouvelle facette du talent de l’artiste : compositions dynamiques, couleurs lumineuses, fresques gigantesques mettant en scène des dizaines de héros… l’ouvrage promet de longs moments de pure contemplation.

À réserver en priorité aux connaisseurs du monde des super-héros et aux amoureux des comics d’antan, ce livre pourra aussi être conseillé sans hésitation à tous les amateurs d’arts graphiques et d’illustrations en tous genres.


Alexis Laballery
( Mis en ligne le 06/11/2004 )
Imprimer

A lire également sur parutions.com:
  • Les Super-Héros et la science
       de Loïs Gresh , Robert Weinberg
  • Uncle Sam
       de Steve Darnall , Alex Ross
  • JLA : Justice et Liberté
       de Alex Ross , Paul Dini
  •  
    SOMMAIRE  /  ARCHIVES  /  PLAN DU SITE  /  NOUS ÉCRIRE  

     
      Droits de reproduction et de diffusion réservés © Parutions 2024
    Site réalisé en 2001 par Afiny
     
    livre dvd