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Bande dessinée -> Adaptation |
| Clément Oubrerie Raymond Queneau Zazie dans le métro Gallimard - Fétiche 2008 / 15 € - 98.25 ffr. / 72 pages ISBN : 978-2-07-061014- FORMAT : 23 x 31 cm Imprimer
Zazie dans le métro (1959) est certainement le roman le plus connu de Raymond Queneau, mais peut-être aussi le plus mal connu. Bien souvent catalogué « jeunesse », Zazie étant la jeune héroïne dune douzaine dannées de cette histoire farfelue, cest pourtant un roman qui se nourrit gaiement et sans ambages de thèmes aussi peu enfantins que le travestissement, l« hormosessualité », le meurtre dun père par une mère sous les yeux de leur enfant, ou encore la pédophilie, pour ne citer que les plus marquants. Alors, oui, on peut lire Zazie à 12 ans, mais il faudra y revenir bien plus tard pour le savourer à sa juste valeur.
Le roman de Queneau est une odyssée dun jour et demi à Paris, trente-six heures pendant lesquelles la petite Zazie est confiée à son oncle Gabriel par sa mère, venue de Saint-Montron rejoindre son « jules » à la capitale. Dès la gare dAusterlitz, Zazie na quune envie : aller dans le métro. Mais le métro est en grève, et la voilà partie avec Gabriel et son ami Charles, chauffeur de taxi, pour une balade approximative dans les rues de Paris, dont elle na pas grand-chose à faire ! Cest le point de départ dune série dévénements hauts en couleurs, où Zazie donne du fil à retordre aux adultes qui sont censés prendre soin delle, mais qui sont aussi désinvoltes et baroques (Gabriel est danseuse de charme la nuit
) que la petite est têtue et forte en gueule. A coups de fugues et de visites des cabarets transformistes du « Paris bâïlle-naïte », Zazie va vivre une initiation loufoque sous le haut patronage de Gabriel, Charles, Turandot, la veuve Mouaque, Pédro-Surplus alias Trouscaillon alias Aroun Arachide, une extraordinaire galerie de personnages dont Queneau a le secret.
« Doukipudonktan », « Napoléon, mon cul ! », « Tu causes, tu causes, cest tout ce que tu sais faire ! »
Zazie dans le métro est truffé de ces répliques célèbres et emblématiques du style de Raymond Queneau, virtuose de la langue et qui a eu le génie de mêler prose populaire, argot et langage châtié. Pour son adaptation en bande dessinée, Clément Oubrerie (Aya de Yopougon) est resté fidèle au texte, ce quil avait de mieux à faire face à tel monument, et ce qui coulait dautant plus de source que les parties dialoguées du roman sont très nombreuses. Sous ses pinceaux alertes, qui rappellent beaucoup Sfar, naissent un Paris des années 50 et des personnages tout à fait convaincants, à part sans doute Marceline, la compagne de Gabriel, bien trop féminine pour que le coup de théâtre final soit compréhensible (Marceline est en fait
Marcel). Faisons donc le pari que lavant-dernière planche laissera perplexe le lecteur attentif mais non averti. Hormis ce détail, Clément Oubrerie signe une adaptation très réussie qui se déguste pour elle-même, et qui donnera envie daller lire ou relire le roman de Queneau.
Anne Bleuzen ( Mis en ligne le 22/07/2008 ) Imprimer | | |
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