| Jan-Frederik Bandel Sascha Hommer Au musée
Delcourt - Tapas 2017 / 35 € - 229.25 ffr. / 256 pages
ISBN : 9782756085128
FORMAT : 24,6x20,6 cm
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Gustav et Niffi, un petit garçon et sa grande sœur, se retrouvent enfermés dans un musée immense dont le gardien applique à la lettre les commandements, à commencer par le premier : si le musée est fermé, personne n’en sort. Et c’est heureux, car le musée est une sorte d’univers, un délire vertigineux issu des rêveries de Borges. Un monde infini que les deux enfants parcourent un peu au hasard, d’une salle à l’autre, et dans ses plus improbables recoins. Et ils y découvrent une vérité, que tout le monde soupçonne : la nuit, il y a une vie dans les musées. Mais quelle vie : des colonies de mouches géantes et sentencieuses, des peuples de singes, des géants de l’île de Pâques, un lapin pressé, des poissons totalitaires et des extra-terrestres égarés, etc. On croise nombres de sommités littéraires (Enst Jünger, Peter Sloterdijk, Willian Burroughs, Roland Barthes, etc.), quelques personnalités (Fidel Castro, Charles Manson, etc.) qui s’invitent de manière incongrue dans ce récit aussi drôle que bizarre, y font de la musique et des excursions, tâtent de drogues diverses et esquissent des discours. Les décors sont tout autant oniriques : le concept même de salle s’efface peu à peu et l’on se promène en sous-marin, on s’égare dans pac-man, on suit un lapin pressé dans des plaines infinies, et à travers nombre de royaumes fantaisistes. Et le tout nappé d’un humour absurde et surréaliste, qui brasse les références littéraires, multiplie les clins d’œil graphiques et joue du paradoxe sans aucune gêne. Résumer l’album s’avère donc parfaitement impossible : on aurait une petite idée de l’objet en mixant les Monthy Pythons, Charles Burns, Lewis Carroll, Jules Verne et son capitaine Nemo, Winsor McCay et son Nemo, etc. Mais à l’évidence, le plaisir est là, l’humour fait mouche, efficace, en quelques vignettes qui rappellent Snoopy et consorts, avec des héros aussi dépassés que plein d’allants.
L’ensemble se lit d’une traite ou se picore au hasard, le tout dans un graphisme très comics, qui rappelle Martin Vidberg et ses patates. Il faut savoir que cet album aussi plaisant que singulier a d’abord été publié sous format presse dans un journal allemand… hommage singulier à l’humour teuton, à offrir à tout amateur d’humour absurde, d’intrigue sans queue ni tête et d’objet littéraire non identifié. Incontournable.
Gilles Ferragu
( Mis en ligne le 13/06/2017 )
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