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Bande dessinée  ->  Humour  
 

Dégraisser le mastodonte
 Collectif   L’Atelier Mastodonte (tome 6)
Dupuis 2019 /  17.50 € - 114.63 ffr.
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Après sept ans d'animation des meilleures pages du magazine Spirou, l’atelier Mastodonte ferme ses portes. La rubrique tenue par Trondheim et compagnie avait largement son compte d'aficionados, mais les recueils ne se vendaient pas outre mesure.
La fin de l'atelier Mastodonte se confond par hasard avec le changement de rédacteur-en-chef : Frédéric Niffle en était d'ailleurs devenu un des principaux personnages, et le destin de la rubrique évoque un peu celui de la série Le Boss au départ de Thierry Tinlot. Une douzaine de gags ont pour objet le passage de relais à Florence Mixhel, qui ne deviendra pas un personnage de la même envergure. C'est aussi que l’Atelier Mastodonte était significatif de la première politique de Niffle, à la recherche de nouveaux auteurs mais surtout d'une filiation avec le patrimoine traditionnel de la bande dessinée.

Ce n'est pas un hasard si les gags de Tofépi, de Bouzard ou de Pedrosa sont traités avec ironie par le reste du groupe : ici, l'humour ne tient pas tant à l'ambiance qu'à la chute, à la poésie qu'au trait d'esprit. Une tradition du gag qui remonte dans Spirou à Gaston ou à Boule et Bill, et dont la mécanique subtile est parfaitement maîtrisée par Jousselin, Obion ou Trondheim. Ces trois-là occupent en conséquence une bonne partie de l'espace disponible, assurant la cohérence d'un collectif qui ne s'interdit pourtant pas la diversité. Après Tofépi, c'est Hervé Bourhis et Dorothée de Monfreid qui rejoignent l'équipe dans ce volume – ainsi que Nicoby avec un graphisme plus classique.

Le fait est que ce courant traditionnel est devenu minoritaire dans le journal de Spirou ces dernières années, au fur et à mesure que se développent le dessin numérique, les grands yeux à la japonaise, la mise en page baroque et globalement ce qu'on a pu appeler le style fusion. Florence Mixhel est même parfois devenue sur les réseaux sociaux le bouc émissaire d'une génération nostalgique de l'école de Marcinelle, au point de laisser sa place à son tour au bout de quelques mois. Mastodonte ne reviendra pas pour autant.

De nostalgie, il est donc forcément question ici. L'atelier Mastodonte montre des auteurs modernes en phase avec les anciens, et qui n'ont pas l'œil braqué sur le manga et le pastel. Avec Trondheim, Jouvray et Nicoby sont convoqués Goscinny, Morris ou Fournier. Dès lors, si la série, gros coup de cœur pour les lecteurs adultes de Spirou, n'est pas parvenu à briser le plafond de verre des bonnes ventes d'album, est-ce tout simplement que le « grand public » traditionnel au franco-belge n'existe plus, et que les adolescents regardent ailleurs ?
En guise de réponse, les gags de cet ultime et épais recueil se voilent d'une teinte crépusculaire, sans en devenir moins drôles. Les changements de local, la chute des ventes, l'évocation de la dimension fictive du studio par Obion, l'échec final d'une détestable adaptation cinématographique donnent l'impression d'une suite d'échecs de la part de dessinateurs qui ne savent plus bien s'ils ont du succès ou non. Nob parle des blogs comme de la modernité, la culture musicale de Jousselin s'arrête aux années 1980.

Pour finir, les auteurs des débuts viennent faire un dernier tour de piste : Bertail, Pedrosa, Feroumont, Vehlmann, et encore Bianco, Keramidas, Neel, Stan & Vince, Tebo, Yoann jouent les revenants. Le faux studio pénètre ainsi dans la mythologie du journal. Certains des auteurs en garderont une image durable, parfois au-delà de leur participation à l'aventure : ainsi de Tebo ou de Bianco, absents depuis un moment, et toujours représentés ; d'autres, dont le profil ne se découpe pas nettement, se contentent de poser l'ambiance, quitte à le regretter dans leurs propres strips.
On partage avec eux l'impression que quelque chose s'achève, mais on emporte le clin d'œil.


Clément Lemoine
( Mis en ligne le 23/01/2019 )
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