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Bande dessinée -> Humour |
| Charles-M. Schulz Snoopy et les Peanuts - 1950-1952 Dargaud 2005 / 29 € - 189.95 ffr. / 337 pages ISBN : 2-205-05787-1 FORMAT : 21,5cm x 17,5cm Imprimer
Voilà de quoi rendre fou le plus acharné des complétistes : 25 recueils dont la publication sétalera sur douze années, plus de 8000 pages et près de 18000 strips. Le projet éditorial initié par léditeur américain Fantagraphics Books il y a deux ans et (impeccablement) traduit aujourdhui par Dargaud a de quoi faire tourner la tête. Le travail de Charles M. Schulz, soit cinquante années de très bons et royaux services rendus à la bande dessinée, navait jamais connu les honneurs dune intégrale. Seule une série dalbums piochant ça et là dans loeuvre monumentale pouvaient satisfaire - autant que frustrer - le lecteur amateur des aventures douces-amères de ce bon vieux Charlie Brown et de sa petite bande.
Ce volume initial reprend donc les deux premières années de Peanuts, doctobre 1950 à décembre 1952, incluant tous les strips mais aussi les grandes pages du dimanche. Il est éclairant de découvrir enfin la série dans sa chronologie dorigine. En quelques mois, Schulz met en place tout un petit monde quil fera par la suite évoluer pendant le demi-siècle à venir sans jamais faillir à ce rendez-vous quotidien. Il y a Charlie Brown bien sûr (et son fameux pull rayé dune bande qui apparaît au bout de quelques mois), mais aussi Lucy, déjà une petite peste capricieuse, Linus qui na pas encore trouvé sa couverture, et Schroeder, le blondinet virtuose adulant Beethoven. Et puis il y a ce drôle de chien beagle, un certain Snoopy. Le voilà encore réduit à son seul statut danimal de compagnie, certes plus intelligent que la moyenne, mais qui ne sait pas encore se tenir sur deux pattes, reste muet, et qui ne rêve pas encore à dincroyables aventures aériennes.
À lexception de Snoopy dailleurs, qui na pas encore trouvé son apparence physique définitive, lunivers graphique de Schulz est déjà bien en place : visages ronds réduits à lessentiel, expressivité des postures et des mimiques, décors minimalistes formant une sorte de monde à part, à la fois cohérent et totalement virtuel. Le geste du dessinateur est déjà dune belle maîtrise, souple et capable en quelques lignes de rendre compte dune émotion et de construire tout un arrière-plan avec une économie de moyens totalement pensée.
On aurait donc tort de croire que ces premières années sont celles de lapprentissage et des tâtonnements. Même si tous les éléments qui feront le succès mondial de la série ne sont pas encore présents, lessentiel est déjà là, le ton à la fois tendre et désabusé, la personnalité des principaux personnages, quelques-uns des thèmes qui se prêteront à dinnombrables gags par la suite (la partie de base-ball, le cerf-volant qui ne vole pas, le piano de Schroeder
), et enfin cet humour ravageur et toujours dune grande modernité.
Au-delà de la longévité exceptionnelle dune uvre, cest donc la qualité remarquable dune série qui a su séduire depuis ses débuts à la fois critiques et lecteurs de tous âges, quil convient de souligner encore une fois. Et avant dêtre les modèles à succès dune centaines de tee-shirts ou de mugs, Charlie Brown et Snoopy sont les héros dune des plus grandes réussites, esthétique et narrative, du neuvième art. Ce début dintégrale est le plus beau cadeau du moment, que lon peut offrir à tout amateur de bande dessinée.
Ajoutons que ce premier volume est accompagné dun texte dun spécialiste en peanutsologie, David Michaelis, et dun entretien passionnant avec Schulz.
Alexis Laballery ( Mis en ligne le 20/01/2006 ) Imprimer
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