| Mandryka Le Concombre Masqué - Le Bain de minuit Dargaud 2006 / 13 € - 85.15 ffr. / 56 pages ISBN : 2205058843 FORMAT : 24x32 cm Imprimer
Comme les Tortues Ninja, il est vert et porte un masque, mais cest là leur seul point commun. Héros mystérieux au destin mystérieux forgé sur le modèle du fantôme du Bengale (son maître à penser, lequel fait une apparition en guest-star), le Concombre Masqué est probablement lun des personnages les plus incongrus de la bande dessinée francophone, pourtant fertile en bizarreries, défenseur des choses, des trucs et des machins contre une société éprise de taxinomie. De fait, le cucurbitacé (eh oui !) est original : maître du monde malgré lui, il évolue dans un univers illogique, quasiment improvisé seconde par seconde, où les allégories prennent vie, où les expressions imagées prennent corps, où le langage est contingent, où les références sont variées (au hasard, dans ce nouvel album : Hegel et Marx), un univers où tout est possible, même un scénario cohérent
Aidé de son acolyte habituel (Chourave, navet et second couteau officiel) et dune secrétaire de direction accorte du nom de Zaza, le concombre doit cette fois résoudre un problème de taille, une panne dans son usine à gaz personnelle. Laffaire est dimportance, cest quasiment la survie du monde qui est en jeu. Cest surtout loccasion de partir dans un récit délirant, pour aboutir à la vérité ultime
rien que ça. Du reste, tenter de résumer une aventure du concombre masqué na pas grand intérêt, tant la tache est impossible. La question qui se pose au lecteur est de savoir si cet album constitue, comme on lespère, le grand retour du Concombre : manifestement, oui. Mandryka, après divers détours par internet et lillustration, revient à son premier amour. Le style, original, est toujours là : graphiquement, le Concombre na pas pris une ride, lhistoire fonctionne par esprit descalier, une idée en entraînant une autre jusquau résultat final, le langage est soigneusement délirant, ubuesque en diable, et lenvers du monde vaut bien lendroit. Bref, pour les fans du concombre, un album dans la lignée des précédents, ponctué dun extrait du Livre du grand tout (chef-duvre de la littérature potagère) qui conclut magistralement un récit sans queue ni tête (mais quelle importance).
Gilles Ferragu ( Mis en ligne le 19/12/2006 ) Imprimer | | |