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Rouge porte-bonheur
Entretien avec Domitille de Pressensé


- Domitille de Pressensé, Une journée d'Émilie, Casterman, Août 2010, 41 p., 13,95 €, ISBN : 978-2-203-02988-0
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Parutions.com : Vous étiez très jeune quand vous avez créé le personnage d'Émilie...

Domitille de Pressensé : Oui, j'étais encore au Beaux-arts quand j'ai créé ce personnage. Mais il faut dire que depuis que je suis toute petite, je fais des livres, j'écris, je dessine des illustrations. Je fais ça depuis l'âge de cinq ans. Un de mes rêves, c'était d'écrire et d'illustrer ce que je ferais. J'ai donc fait les Beaux-arts pour illustrer ce que je voulais écrire. Mais j'ai en eu vite assez car mes histoires s'inscrivaient dans un imaginaire foisonnant... et les Beaux-arts n'en demandaient pas tant que cela. Alors en quatrième année, j'ai commencé à chercher un personnage ; je voulais écrire sur l'enfance... avec l'idée de destiner cela aux adultes. C'est quand j'ai trouvé les caractéristiques du personnage d'Émilie que je me suis dit que cela correspondait parfaitement aux enfants et c'est à partir de là qu'est vraiment née Émilie. Le premier album a donc été conçu un peu en écriture automatique ; le personnage d'Émilie a surgi et je me suis dit : «Ah, je veux écrire comme cela !»

Parutions.com : Et le rouge, pourquoi ?

Domitille de Pressensé : C'était ma couleur préférée quand j'étais petite. Dans ma famille, nous étions trois frères et sœurs très proches. Tant que nous ne savions pas encore lire et écrire, ma mère nous avait attribué des couleurs à chacun pour reconnaître nos vêtements ou les serviettes de toilette. Moi, j'ai choisi le rouge ; en tant qu'aînée, j'en ai profité ! Ma sœur avait le bleu, mon frère le vert. Et voilà. Le rouge, c'était ma couleur.

Parutions.com : C'est aussi une couleur que l'on retrouve chez d'autres de vos personnages...

Domitille de Pressensé : Mais oui ! C'est parce que je suis superstitieuse. Et qu'il y a un peu d'inconscient dans tout cela ; j'en suis bien consciente ! Comme les choses ont bien marché avec Émilie, j'ai considéré que c'était un peu ma couleur porte-bonheur.

Parutions.com : Émilie est une petite fille qui est finalement plutôt dynamique, active et très inventive. J'imagine que vous avez choisi un fille parce que vous étiez une petite fille vous-même.

Domitille de Pressensé : Je ne sais pas. Cela relève certainement de l'inconscient aussi. J'ai trouvé ce petit personnage qui est sans doute quelque part un peu moi, oui. Mais j'ai surtout voulu retranscrire l'atmosphère dans laquelle j'ai vécu enfant. Jusqu'à quatre ans, j'ai eu la chance de vivre à la campagne. C'était formidable ! Et donc les petits escargots, les jardins, le hérisson, tout cela, oui, c'est du vécu. Émilie représente cela.

Parutions.com : D'ailleurs, le hérisson n'est pas l'animal de compagnie auquel on penserait en premier...

Domitille de Pressensé : Oui, pour ce personnage, je n'avais pas envie de mettre un chien ou un chat. J'avais commencé par une oie mais j'ai trouvé ça rapidement encombrant et pas très pratique ! C'est alors que j'ai trouvé le hérisson. Quant on partait se promener avec mes parents, on croisait parfois des hérissons écrasés, ce qui rendait mon père fou car il aimait beaucoup les animaux. Je pense que c'est grâce à lui si j'ai mis Arthur à côté d'Émilie. Et puis, même s'il a des piquants, le hérisson a aussi ce côté un petit peu chat ; on peut l'attraper, on peut avoir envie de le caresser. Cet animal a un côté gentil.

Parutions.com : Mais l'oie revient quand même assez souvent. Vous ne l'avez pas totalement abandonnée.

Domitille de Pressensé : Non, c'est un animal sympa aussi. Et puis, j'ai également vécu dans le Périgord pendant quatre/cinq ans. Ça a sans doute quelque chose à voir avec l'oie ! Avec aussi peut-être Benjamin Rabier [Gédéon le canard - NDLR] parce que les albums que j'ai lus moi-même quand j'étais petite ont eu une grande importance.

Parutions.com : Justement, quelles sont les lectures enfantines qui vous ont le plus marquée ?

Domitille de Pressensé : Alors ça dépend. Enfantine, ça veut dire quoi ? Émilie a trois ans et demi. Il faut donc distinguer avant et après cet âge ! Avant, je me souviens notamment de ces petits albums illustrés chez Deux Coqs d'or. Il y avait entre autres La Petite Poucette, le premier livre qui m'a été offert ; je le trouvais absolument merveilleux ! J'étais très fière, extrêmement fière de l'avoir. Je me souviens, pour l'anecdote : j'étais dans une kermesse quand on m'a offert ce livre, et un monsieur a croisé mes parents et m'a salué en disant «Bonjour Mademoiselle», ce qui m'a beaucoup surprise parce qu'il devait bien voir que j'étais une toute petite fille. J'en ai déduit que c'était le livre que je tenais qui me donnait un plus grand âge ! J'étais très fière ! Je m'en souviens encore. Et les illustrations de cet album m'enchantaient, avec des fruits, des fraises, des fleurs. Je trouvais merveilleux de me promener dans ces paysages. Je rentrais complètement dedans.
Par la suite, je me suis lancée dans des lectures plus sérieuses : la comtesse de Ségur, le Club des 5. Il y avait aussi ces histoires d'une toute petite fille, Mili Mali Malou mais je trouvais qu'il n'y avait pas assez d'aventures là-dedans. Les contes aussi, Perrault, Grimm, et pas mal de bandes-dessinées quand même.

Parutions.com : Et Loup Rouge, d'où vous est-il venu ?

Domitille de Pressensé : C'est un peu pareil en fait. J'ai toujours l'habitude de gribouiller quand je réfléchis à des choses, quand je suis au téléphone, peu importe. Loup Rouge vient en fait de l'un de ces petits gribouillages. Je l'ai trouvé sympa et je me suis demandé ce que je pouvais en faire. Un petit renard ? Et puis le rouge encore, ma couleur superstitieuse. Je me suis dit : faisons-le rouge, ça va me porter bonheur ! Loup Rouge est né comme ça. C'est ensuite que j'ai réalisé – toujours l'inconscient – que j'avais deux grands-pères qui étaient chasseurs de papillons. L'un d'eux vivait justement à la campagne où j'allais souvent et je me souviens que dans sa pièce pleine de papillons, il nous racontait une histoire de loup chasseur de papillons, Caracolus (que je cite d'ailleurs dans l'un de mes albums).

Parutions.com : Vos trois personnages principaux sont très connus et lus à présent sur plusieurs générations. Mais d'Émilie, Naphtaline et Loup-Rouge, Émilie reste le favori, le personnage fétiche.

Domitille de Pressensé : Avec Émilie, ce qu'il y a de merveilleux, c'est la relation que j'ai avec ces enfants ayant grandi et qui reviennent vers moi. On peut alors discuter avec des regards d'adultes ayant gardé aussi leur regard d'enfant. J'ai pu vérifier auprès d'eux que j'avais visé juste et que cette petite fille de trois ans et demi correspondait bien aux attentes et aux représentations de ce très jeune public.

Parutions.com : Avec peut-être un lectorat plus féminin ?...

Domitille de Pressensé : Oui, même si au départ je ne voulais pas du tout que ce soit dirigé dans ce sens. J'ai toujours essayé de faire attention : il y a Stéphane le frère, Grégory. Mais malgré tout, les petites filles sont plus sensibles au personnage et à son univers. Les garçons, eux, ils préfèrent Arthur !

Parutions.com : Mais toutes ces petites filles devenues aujourd'hui mamans trentenaires se précipitent pour faire découvrir les albums d'Émilie à leurs enfants. C'est donc devenu un classique.

Domitille de Pressensé : Tout à fait et je n'imaginais absolument pas ça. Pour moi, Émilie, c'était fini car ça n'a plus été édité à partir des années 1992/93. J'avais eu ma chance mais c'était terminé à présent. C'est vraiment grâce aux jeunes fans devenus adultes que tout a pu redémarrer. J'ai reçu quantités d'e-mails, des blogs sont consacrés à Émilie. J'ai trouvé ça profondément émouvant. Je n'imaginais pas qu'Émilie avait laissé une telle empreinte et du coup j'ai pris conscience de ma responsabilité en tant qu'auteur. C'est vrai que l'on m'a parfois reproché ce personnage gentil, cette évocation d'histoires sans cruauté. Mais je voulais transcrire l'univers de la petite enfance qui, je le souhaite à tous, est un univers protégé où la peur du noir et le fait de faire pipi au lit sont déjà tout un monde. C'est donc grâce à ces jeunes lectrices devenues jeunes femmes et mamans qu'Émilie a pu connaître une seconde vie.

Parutions.com : Il y avait aussi à l'époque un produit dérivé qui marchait beaucoup : une poupée de chiffon à l'image d'Émilie. La reverra-t-on aussi un jour ?

Domitille de Pressensé : Oh oui, j'espère ! On me l'a demande aussi beaucoup, après les livres, et avec le dessin animé. D'ailleurs, sur les blogs, on trouve des choses très sympathiques. Des jeunes femmes refont des poupées, des vêtements, des choses comme ça. Côté albums, Casterman réédite les anciens titres et je continue d'en proposer de nouveaux. Une journée d'Émilie est le tout dernier, un appel aux activités sur les différents grands moments de la journée, pour apprendre en s'amusant. Et ce renouveau me donne l'occasion de visiter les écoles et les librairies où les anciennes lectrices me demandent de venir. ''Mon'' Émilie est devenue aussi la leur, celle de femmes qui veulent à présent transmette ce personnage à leurs enfants.

Parutions.com : Merci beaucoup !


Entretien mené lors du Salon du Livre de Jeunesse 2009 par Marie-Paule Caire et Samantha Joustra
( Mis en ligne le 13/10/2010 )
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