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Histoire & Sciences sociales -> Antiquité & préhistoire |
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Le seul poème dramatique de l’époque hellénistique | | | Lycophron Alexandra Les Belles Lettres - Collection des universités de France - Série grecque 2008 / 55 € - 360.25 ffr. / 334 pages ISBN : 978-2-251-00551-5 FORMAT : 12,6 x 19,2 cm
Lauteur du compte rendu : Yannick Durbec, professeur agrégé de Lettres Classiques, Docteur ès Lettres, enseigne en Lettres Supérieures et a publié une édition des fragments poétiques de Callimaque aux Belles Lettres, ainsi que plusieurs articles dans des revues de philologie. Imprimer
LAlexandra de Lycophron a bénéficié ces dernières années en France de quatre traductions et/ou éditions : G. Lambin, 2005, Presses universitaires de Rennes ; P. Hummel, 2006, Compact ; C. Cusset et C. Chauvin, LHarmattan, 2008 et in fine lédition scientifique publiée par André Hurst en collaboration avec Antje Kolde, aux Belles Lettres dans la collection des Universités de France. En 1971, Pascal Quignard avait déjà contribué par une traduction à faire mieux apprécier ce monologue dramatique, qui se compose de 1474 trimètres iambiques.
Lintrigue du seul poème dramatique datant de lépoque hellénistique de la mort dAlexandre le Grand à lavènement de la puissance romaine - conservé dans son intégralité est simple en apparence : un messager rapporte à un personnage, qui se révèle être Priam, les propos prophétiques de Cassandre, qui avait été enfermée en un endroit écarté, en raison de ses prédictions sur la fin de Troie. Cassandre-Alexandra, après avoir rappelé la première destruction de la ville par Héraclès, évoque celle que conduiront les Achéens, expose le rôle joué par Alexandre-Pâris dans le déclenchement du conflit consécutif au rapt dHélène, raconte larrivée des Grecs, la prise de la ville malgré le courage héroïque dHector, les massacres qui sensuivront et le viol commis par Ajax, quelle subira. Cette violence impie car Cassandre-Alexandra sétait réfugiée aux pieds de la statue dAthéna sera la cause de la destruction par une tempête de la flotte grecque. Les survivants connaîtront lerrance et ceux qui rentreront chez eux trouveront une mort brutale, tel Agamemnon. Les Troyens survivants, et à leur tête Enée, fonderont une ville appelée à gouverner le monde : Rome. Puis, sensuit une prophétie qui résume les causes passées et à venir des affrontements entre lOrient et lOccident.
Lintroduction dA. Hurst, claire et synthétique, permet au lecteur de prendre la mesure de lextraordinaire complexité de ce poème qui se présente comme une succession dénigmes à résoudre et se caractérise par une diction particulièrement recherchée. La première difficulté consiste en lidentification de lauteur de lAlexandra. La Souda, une encyclopédie byzantine, nous dit que Lycophron est né à Chalcis, en Eubée, quil avait pour père Soclès et pour père adoptif Lycos de Rhégion. Lycophron vint à Alexandrie, où il fit partie de la pléiade des tragiques alexandrins et écrivit un traité sur la comédie. Il est également lauteur dun drame satyrique, le Ménédème ; Diogène Laërce indique que le philosophe recevait en effet Lycophron chez lui. Deux anagrammes, qui concernent Ptolémée et une Arsinoé, permettent de le situer sous Ptolémée Philadelphe. Lévocation de la grandeur future de Rome suscita cependant linterrogation des exégètes et lon émit au XIXe siècle lhypothèse dune interpolation des passages incriminés ou bien lon imagina lexistence dun second Lycophron, au IIe siècle. Même sil est difficile de trancher le débat sur lidentité du poète et lunité du poème. A. H. conclut en faveur de lattribution de lintégralité du poème au poète Lycophron, membre de la Pléiade alexandrine.
Les notes (pp.86-321) sont rédigées par A. Kolde. Elles aident le lecteur à comprendre les énigmes qui composent la trame du poème, mais elles léclairent également sur la construction et le mode de fonctionnement du texte, sur un plan littéraire. Un index nominum complète utilement ce volume. Cette édition de grande qualité simpose ainsi comme le texte de référence pour un auteur majeur de la période hellénistique.
Yannick Durbec ( Mis en ligne le 13/01/2009 ) Imprimer | | |
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