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Histoire et historiographie des sociétés rurales
Jean-Claude Farcy   Francis Démier   Nadine Vivier    Collectif   Les Sociétés rurales (1830-1930)
Belin - Sup Histoire 2005 /  19 € - 124.45 ffr. / 220 pages
ISBN : 2-7011-4210-5
FORMAT : 17,0cm x 24,0cm

L’auteur du compte rendu : Ludivine Bantigny, agrégée et docteur en histoire, est maître de conférences en histoire contemporaine à l’Université de Rouen.
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La richesse, la complexité et les difficultés qui caractérisent le thème proposé cette année, en histoire contemporaine, au programme des concours d’enseignement — «Les campagnes dans les évolutions sociales et politiques en Europe, des années 1830 à la fin des années 1920 : étude comparée de la France, de l’Allemagne, de l’Espagne et de l’Italie» —, s’affirment dans le manuel que la collection «Belin Sup Histoire» a fait paraître à son propos. Richesse, car au travers de ces «campagnes», c’est bien d’une histoire sociale globale qu’il s’agit. Complexité, dans la mesure où les échelles sont ici à multiplier et à emboîter, de la communauté rurale locale à la construction des identités nationales, en passant par l’émergence de régionalismes divers. Difficultés enfin, nombreuses, mais dont les principales tiennent, d’abord, aux définitions mêmes — quid du terme «paysan» ? Ce livre nous le rappelle dès ses premières pages : pour les Français, le mot désigne tout individu qui travaille la terre ; en Allemagne, il renvoie bien davantage à «celui qui possède la terre et l’exploite avec une main-d’œuvre familiale et une main-d’œuvre salariée peu nombreuse». D’infinies nuances se déclinent alors selon les statuts et les appartenances professionnelles et familiales, la hiérarchie sociale étant ici tout à fait décisive. Ce sont ces mêmes nuances, nécessaires, que l’on retrouve dans la diversité des situations locales : et dès lors, l’autre grande difficulté réside dans la possibilité même de la comparaison.

Pour mettre en évidence ces problèmes et en partie les résoudre, ce manuel s’ordonne en trois parties : historiographie, bibliographie et enjeux. Ce sont là de précieux outils méthodologiques qui sont ainsi offerts. On peut toutefois s’interroger sur le public auquel s’adressent les développements proprement historiographiques : peut-être davantage aux enseignants qu’aux étudiants préparant les concours ? De fait, la partie bibliographique consiste en une série de petites recensions d’ouvrages parus en quatre langues : c’est sans doute là une invitation à la lecture, mais les courts résumés qui se succèdent donneraient plutôt le vertige. Reste le souci de préciser l’ancrage historiographique du sujet et ses renouvellements. Reste aussi à espérer que ceux qui préparent les concours ne s’en tiendront pas à ces comptes rendus fort succincts, et qu’ils seront assez polyglottes pour aller lire les ouvrages originaux ici mentionnés. Peut-être aurait-il été préférable de ne pas tant multiplier ces fiches de lecture (on en compte environ quatre-vingts) mais d’établir une véritable synthèse précisant les grands axes de l’histoire rurale aujourd’hui.

En revanche, les étudiants puiseront à bonne source dans les «enjeux» qui tous ont pour souci d’indiquer les problématiques propres à chaque pays. Dès lors, c’est moins une démarche comparative qui est ici proposée que la présentation de quatre grands sujets, principalement nationaux mais appuyés sur de solides exemples locaux ou régionaux : les mobilités et migrations rurales en France ; les relations entre ville et campagne en Allemagne ; la politisation, les organisations agraires et la protestation sociale en Espagne ; enfin le grand propriétaire en Italie. Seul le chapitre consacré par Nadine Vivier à la «vision renouvelée des sociétés rurales» est véritablement de nature comparative.

Bien sûr, on relèvera ici ou là des formules un peu rapides : résumer la position de Marx et Engels sur la question paysanne en une citation, «la stupidité de la vie rurale», c’est ne pas tenir compte de la complexité de la pensée de Marx à ce propos, et oublier ce qui en est dit, par exemple, dans Les Luttes de classes en France.

Il reste que ce manuel permet de saisir les problèmes essentiels de la question et aborde synthétiquement la structure sociale au village, les vecteurs de l’intégration nationale, les modalités de la socialisation politique, le rôle de l’État et de ses relais locaux, en rejetant la représentation «manichéenne de paysans incultes refusant tout changement». C’était bien là, sans doute, la détermination des concepteurs du sujet : remettre en cause l’image traditionnelle des sociétés rurales, mais aussi de leur historiographie.


Ludivine Bantigny
( Mis en ligne le 07/03/2006 )
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