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Stupeur et tremblements
Michel Cassan   La Grande peur de 1610 - Les Français et l'assassinat d'Henri IV
Champ Vallon - Epoques 2010 /  22 € - 144.1 ffr. / 240 pages
ISBN : 978.2.87673.523.1
FORMAT : 15,5cm x 24,1cm

L'auteur du compte rendu : Agrégé et docteur en histoire, Alexandre Dupilet est professeur dans le secondaire.
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Le quatrième centenaire de la mort d’Henri IV est l’occasion d’une floraison de publications, de qualité inégale, la plupart n’apportant que peu d’éléments nouveaux à la connaissance du Vert-Galant. Le dernier ouvrage de Michel Cassan n’appartient pas à cette catégorie : l’originalité du sujet en fait l’une des études les plus passionnantes récemment éditées sur cette période de l’histoire de France.

Le livre s’ouvre, il est vrai, sur une image d’Épinal, l’assassinat d’Henri IV le 14 mai 1610, vu ici à travers le récit qu’en donna le jeune noble polonais Jakub Sobieski. Mais ceux qui attendent de cet ouvrage qu’il démêle les fils d’un éventuel complot (on lira sur ce sujet avec profit le dernier opus de Jean-Christian Petitfils) ou qu’il nous livre une version remaniée du livre de Roland Mousnier en seront pour leurs frais. Ce qui intéresse Michel Cassan, c’est la diffusion de la nouvelle du régicide, le retentissement et les remous que cet événement suscita dans le royaume. Pour répondre à ces questions, l’auteur a sillonné la France, examinant les fonds de nombreuses archives municipales et départementales. Les registres des délibérations municipales, la correspondance des édiles urbains et des gouverneurs constituent le fondement de son étude.

L’analyse de cet impressionnant corpus d’archives permet de montrer que la mort du roi plongea le royaume dans la peur. Dès le 14 mai au soir, le pouvoir royal dépêcha des cavaliers chargés de porter la nouvelle aux autorités municipales, aux gouverneurs et aux présidents des Parlements. Une semaine plus tard, l’ensemble des élites du royaume connaissaient le sort du roi. Encore fallait-il annoncer cette nouvelle à la population. Cette seconde phase de diffusion de l’information trahit l’inquiétude et l’appréhension auxquelles étaient alors en proie les autorités du pays, qui craignaient la résurgence des troubles religieux à peine éteints depuis l’Édit de Nantes, voire une incursion prochaine de l’ennemi espagnol. La multiplicité des sources examinées donne à voir un large éventail de procédés utilisés pour porter à la connaissance des sujets cette funeste nouvelle, qui vont de la simple annonce à la rétention initiale d’information en passant par sa déformation. Ainsi, certains magistrats urbains et gouverneurs tentèrent de retarder l’annonce de l’événement tandis que d’autres préférèrent la différer en expliquant en premier lieu que le roi n’était que blessé. Dans tous les cas, les autorités prirent des mesures susceptibles d’étouffer toute tentative de sédition.

Cette «grande peur» fut néanmoins de courte durée. L’autre apport essentiel de cette étude est en effet de montrer qu’en dépit des quelques conflits qui agitèrent certaines villes du Sud, le temps des guerres de religion était en train de s’éloigner. La majorité des Français était alors attachée à la paix civile, à la coexistence entre protestants et catholiques. La Ligue n’était déjà plus qu’un lointain souvenir et la régente Marie de Médicis n’eut aucune difficulté à affirmer son autorité et obtenir des magistrats urbains les serments d’allégeance qu’elle exigeait.

Tout en renouant avec une histoire que l’on peut qualifier d’événementielle (un hommage appuyé est ainsi rendu à Georges Lefebvre et sa Grande Peur de 1789), l’ouvrage de Michel Cassan, dont on saluera ici la clarté et la rigueur de l’exposé, sort donc largement des sentiers battus et tranche avec la production récemment consacrée à Henri IV. On pourra certes être quelque peu déçu par le chapitre portant sur les livres de raison. En examinant ces recueils de la parole privée, l’auteur espérait trouver un point de vue inédit sur la mort du roi, mais reconnaît lui-même que cette tentative aboutit à une impasse. Le plus souvent, les auteurs des livres de raison reproduisent la version officielle de l’assassinat, attestant ainsi de la parfaite maîtrise du pouvoir royal sur la diffusion de l’événement.

Il n’en demeure pas moins que ce livre comblera les amateurs en quête d’une étude véritablement novatrice sur l’assassinat d’Henri IV mais également tous ceux qui s’intéressent aux périodes d’incertitudes et de transition qui suivent la mort des rois et ouvrent les nouveaux règnes.


Alexandre Dupilet
( Mis en ligne le 02/03/2010 )
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