|
Histoire & Sciences sociales -> Période Moderne |
| |
Des temps politiquement mouvementés | | | Michel Duchein 50 années qui ébranlèrent l'Angleterre - Les deux Révolutions du XVIIe siècle Fayard 2010 / 26 € - 170.3 ffr. / 500 pages ISBN : 978-2-213-63637-5 FORMAT : 15,3cm x 23,5cm
L'auteur du compte rendu : Françoise Hildesheimer, conservateur en chef aux Archives nationales, est professeur associé à l'université de Paris I. Elle a notamment publié Fléaux et société. De la Grande Peste au choléra. XIVe-XIXe siècles (Hachette, 1999), un Richelieu chez Flammarion (2004) et plus récemment La Double mort du roi Louis XIII (Flammarion, 2007). Imprimer
Depuis plusieurs années, Michel Duchein met au service des lecteurs français sa connaissance de lhistoriographie anglo-saxonne pour les familiariser avec lhistoire britannique, essentiellement pour les XVIe et XVIIe siècles. Avec ce dernier ouvrage, il leur offre tout à la fois un récit portant sur un demi-siècle de lhistoire dAngleterre et un champ de réflexion comparatif autour du thème des révolutions, dont la France na en effet ni lexclusivité ni lantériorité.
Rappelons rapidement la chronologie de ces temps politiquement mouvementés : tout débute avec Charles Ier Stuart qui devient roi dAngleterre en 1603 à la mort dElisabeth Ière et qui meurt sur léchafaud le 30 janvier 1649, après avoir échoué dans son dessein «absolutiste» de gouverner sans un Parlement qui le met en échec et en accusation «au nom du peuple dAngleterre, source de tout pouvoir après Dieu». La monarchie laisse alors la place à la République, «Commonwealth and Free State» dont le Parlement nomme le Conseil dÉtat ; mais rapidement le «trône» en revient à Olivier Cromwell qui simpose en force au Parlement et prend le titre de «Protecteur» jusquà sa mort en 1658. Mais son fils Richard démissionne au bout de quelques mois, et cest le retour finalement naturel de la monarchie, la restauration de Charles II en 1661, lequel règne paisiblement jusquà sa mort en 1685, date à laquelle lui succède son frère Jacques II, jusquen 1688 et sa fuite en France. Habile et réaliste, le premier a connu le plus long règne du siècle ; le second en revanche, qui se veut restaurateur du catholicisme, ne résistera pas à loffensive, à la naissance dun héritier mâle, de Guillaume dOrange, son neveu et gendre, à qui il abandonne le royaume sans résistance en 1689. Cest alors la fameuse «Déclaration des Droits», acte constitutionnel qui exclut de la couronne tout catholique et interdit toute tentative dextension du pouvoir du roi aux dépens de ceux du Parlement, ainsi que choix par ce dernier de Guillaume III et de Marie II comme souverains dAngleterre : cest la célèbre «Glorieuse Révolution», considérée comme ayant assuré le passage non sanglant de la tyrannie à la liberté dans le cadre dune monarchie parlementaire où le Parlement est venu à bout des velléités absolutistes des monarques.
Deux révolutions se sont en effet succédé, la première sanglante «Grande Rébellion» contre un régime tyrannique insupportable, et guerre civile, la seconde dynastique, par laquelle les Stuart sont remplacés par les Orange, et qui consacre le Parlement détenteur de la souveraineté,. La «Déclaration des Droits» de 1689 sera complétée en 1701 par la «Loi de Succession» qui, Georges III nayant pas dhéritier et la possibilité dun retour de Jacques II demeurant, fera durablement passer, en 1714, la couronne à la dynastie de Hanovre.
Les penseurs français du XVIIIe siècle ont célébré à lenvi le régime constitutionnel anglais et les historiens au XIXe siècle ont mis en avant le caractère de précédent des événements anglais : guerre civile, régicide, république, dictature, coup dÉtat, restauration, les analogies sont nombreuses entre les deux pays et lAngleterre apparaît comme ayant de lavance sur la France. Mais le parallèle doit être mené avec prudence : contexte politique (le Parlement anglais na guère à voir avec son homonyme parisien en dépit des prétentions politiques que celui-ci affichera au siècle des Lumières) et surtout religieux étant fort différents.
De facture classique, de lecture agréable et de ton équilibré, mêlant récit et analyse, faisant le point des connaissances, ouvrant des perspectives comparatistes et historiographiques entre Angleterre et France, louvrage de Michel Duchein lie les deux révolutions anglaises tout en marquant bien leurs différences et spécificités ; il fait entrer le lecteur dans la familiarité dune histoire qui lui est à la fois proche et étrangère, car force est de constater quun sentiment détrangeté assaille toujours le Français qui se risque à franchir la Manche et à explorer le passé de lAngleterre, et que celui-ci a besoin dun guide, voire dun traducteur.
Françoise Hildesheimer ( Mis en ligne le 02/03/2010 ) Imprimer
A lire également sur parutions.com:Le duc de Buckingham de Michel Duchein Les Derniers Stuarts de Michel Duchein Jacques Ier Stuart de Michel Duchein | | |
|
|
|
|