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Versailles, là ou tout a commencé
Alexandre Maral   Les Derniers jours de Versailles
Perrin 2018 /  29 € - 189.95 ffr. / 607 pages
ISBN : 978-2-262-06411-2
FORMAT : 15,6 cm × 24,0 cm

L'auteur du compte rendu : Archiviste-paléographe, docteur habilité de l'université de Paris I, Thierry Sarmant est conservateur en chef au Service historique de la Défense. Spécialiste de l'histoire de l'Etat, il a publié en dernier lieu une biographie de Louis XIV, Louis XIV homme et roi (Tallandier, 2012), 1715 : la France et le monde (Perrin, 2014) et Vincennes. Mille ans d'histoire de France (Tallandier, 2018)
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S'il fallait désigner dans l'histoire de France un moment décisif, celui où se sont jouées l'interprétation de tout son passé et la construction de tout son avenir, il fait peu de doute que l'on désignerait les quelques mois qui séparent la réunion des Etats généraux du «retour» forcé de Louis XVI à Paris, de mai à octobre 1789. Il s'est fait plus de choses au cours de ces cinq mois que dans les cinq siècles qui ont précédé. La monarchie absolue s'est écroulée – et aussi, de fait, la monarchie tout court. La noblesse et le clergé ont perdu leurs privilèges et l'essentiel de leur influence. Le gouvernement représentatif est devenu la règle. Le pouvoir a changé de mains : pour faire court, il est passé dans celles de la bourgeoisie, où il se trouve encore.

Alexandre Maral, qui est aujourd'hui le meilleur spécialiste de l'histoire de Versailles, a entrepris de reconstituer la chronique au jour le jour de ces événements trépidants survenus pour l'essentiel dans un cadre qu'il explore depuis un quart de siècle. Pour ce faire, il s'appuie sur une masse considérable de publications d'époque, sur les innombrables journaux, mémoires et souvenirs imprimés depuis lors, mais aussi sur des sources manuscrites dispersées à travers les bibliothèques et les archives. En multipliant les points de vue – ministres, courtisans, députés, diplomates, journalistes, témoins anonymes sont convoqués à la barre, tour à tour ou simultanément –, il aboutit à une véritable recréation de l'événement.

L'exercice est terrible pour Louis XVI, sa cour et son gouvernement. Après quinze années de règne, le roi se révèle parfaitement novice en politique. Tantôt passif, tantôt agissant à contre-temps, il est à lui-même son pire ennemi, incapable de rallier autour de lui les partisans de la monarchie comme de donner une adhésion franche au nouveau cours des choses. Les ministres, inconsistants ou velléitaires, ne valent guère mieux, et au premier rang d'entre eux le poseur Necker, «Monsieur Boursouflé», héros de l'époque et personnage surévalué. Tous sont emportés par le flot des événements, lors même que, face à eux, leurs adversaires ne forment pas une faction organisée et qu'aucun chef charismatique n'entraîne clairement les partisans de la Révolution. Quant à la cour, elle passe presque sans transition de la morgue à l'anéantissement, ce qui donne lieu à quelques scènes alternativement tragiques et burlesques. On n'oubliera pas la sottise des Versaillais, qui acclament le nouveau cours des choses... avant de se rendre compte qu'il entraîne la ruine de leur cité !

La Révolution se fait-elle pour autant d'elle-même, par le seul ébranlement d'un édifice déjà vermoulu ? Pas tout à fait. Le récit d'Alexandre Maral montre le rôle que joue dès les premiers jours la violence, effective ou redoutée, dans les rues de Paris et de Versailles comme dans l'enceinte de l'Assemblée. La pression, morale ou physique, les coups, les menaces, avant l'effusion de sang proprement dite, font beaucoup pour faire pencher la balance. Comme souvent en temps de révolution, des minorités agissantes et résolues s'imposent à des majorités hésitantes et incertaines. Du jour où il a perdu le monopole de la violence légitime, le régime était perdu.

Ce livre foisonnant, passionnant, merveilleux, n'est complaisant ni pour les tenants de l'ordre ancien ni pour ceux de l'ordre nouveau. Il devrait être sur la table de chevet de tout homme de pouvoir... comme sur celle de tout citoyen lucide.


Thierry Sarmant
( Mis en ligne le 19/02/2018 )
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