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Equilibre et Empire
Arnaud Blin   1648, La Paix de Westphalie - Ou la naissance de l'Europe politique moderne
Complexe - Questions à l'histoire 2006 /  19.90 € - 130.35 ffr. / 213 pages
ISBN : 2-8048-0088-1
FORMAT : 12,5cm x 21,5cm

L'auteur du compte rendu : archiviste-paléographe, docteur de l'université de Paris I-Sorbonne, conservateur en chef du patrimoine, Thierry Sarmant est adjoint au directeur du département des monnaies, médailles et antiques de la Bibliothèque nationale de France. Il a publié en dernier lieu : Les Demeures du Soleil : Louis XIV, Louvois et la surintendance des Bâtiments du roi (Champ Vallon, 2003).
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Disons d’emblée ce que ce livre n’est pas : il n’est ni une histoire des négociations de Munster et d’Osnabrück (1642-1648), ni une analyse approfondie des clauses des traités du 24 octobre 1648, ni une étude de leur application à court ou moyen terme. L’auteur s’appuie sur la bibliographie française qui traite de ces questions (Georges Livet, Lucien Bély, Françoise Hildesheimer, David El Kentz, Claire Gantet), mais dans une perspective de politiste plus que d’historien. Son objectif est de dégager un «système westphalien» des relations internationales, qui serait né en 1648, et d’en suivre les développements jusqu’à nos jours.

Pour Arnaud Blin, le «système westphalien» comprend deux volets : le principe d’un équilibre entre les Etats, qui évite que l’un d’entre eux prenne l’ascendant, d’une part, l’émergence d’un droit international, reconnu par tous, de l’autre. Le congrès de Westphalie est le premier grand congrès diplomatique européen, où s’impose une méthode de travail bureaucratique et procédurière. Les politiques (Longueville et d’Avaux pour la France, Trautmansdorff pour l’empereur, Oxenstierna pour la Suède) y sont doublés par des juristes (Servien pour la France, Volmar pour l’empereur, Salvius pour la Suède). Avec lui prend fin le rêve d’une Monarchie universelle, hérité du Moyen Age et poursuivi par les Habsbourg depuis le XVIe siècle. Le «système westphalien» serait donc l’ancêtre du «concert européen» qui prévalut jusqu’en 1914, puis du monde «multipolaire», tandis que le vieux rêve impérial préluderait à toutes les entreprises de domination mondiale, jusqu’à l’«hyper-puissance» américaine. Un troisième système des relations internationales s’oppose au système d’hégémonie impériale comme au «système westphalien», tout en étant son héritier : il s’agit du système dit de la «sécurité collective» que les traités de 1919 ont vainement tenté de mettre en place et que d’aucuns voudraient voir renaître sous l’égide des Nations Unies, c’est-à-dire d’un système de relations internationales fondé sur le droit et la morale et non plus seulement sur l’équilibre des puissances.

Si les idées d’Arnaud Blin ne sont pas sans attraits, son exposé n’est pas exempt de faiblesses. Une bonne moitié du livre est consacrée à un récit assez traditionnel de la guerre de Trente Ans, «la première guerre totale», récit qui n’était pas indispensable à la démonstration, tandis que les négociations de Westphalie et les termes du traité, qui sont pourtant le noeud de la thèse, sont expédiés en quelques pages. Pour convaincre le lecteur de la modernité du congrès des années 1640 ou du nouvel ordre issu de la paix westphalienne, quelques rappels sur les usages de la diplomatie des XVe et XVIe siècles n’auraient pas été malvenus. Enfin, les rapprochements entre des situations politiques et géostratégiques très éloignées dans le temps et l’espace n’emportent pas toujours l’adhésion. Henry Kissinger n’est pas le cardinal de Richelieu, pas plus que l’Amérique des George Bush père et fils n’est la monarchie habsbourgeoise de Ferdinand II et de Ferdinand III.

Peut-être l’ouvrage aurait-il gagné à dépouiller franchement les oripeaux de l’histoire et à s’afficher plus clairement comme un essai. Telle quelle, parfois stimulante, parfois aventurée, la vision historique «à l’anglo-saxonne» de M. Blin n’ira pas sans dérouter certains lecteurs français.


Thierry Sarmant
( Mis en ligne le 25/10/2006 )
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       de Claire Gantet

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