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Splendeur et misères des ministres de Louis XV
Yves Combeau   Le comte d'Argenson (1696-1764) - Ministre de Louis XV
Ecole nationale des chartes 1999 /  30.53 € - 199.97 ffr. / 534 pages
ISBN : 2-900791-28-6

Préface de Michel Antoine
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Après le Conseil du roi sous le règne de Louis XV (1969), après le Conseil royal des finances (1973), après les intendants des finances (1978), après les maîtres des requêtes de l'hôtel du roi (1991 et 1998), après Pomponne de Bellièvre (1998), un nouveau ministre rejoint la théorie, déjà majestueuse, des grands serviteurs de l'ancienne monarchie ressuscités par la collection des "Mémoires et documents de l'École des chartes" : Marc-Pierre de Voyer de Paulmy, comte d'Argenson, ministre et secrétaire d'État de la guerre de 1743 à 1757.

L'intérêt du personnage étudié par le P. Yves Combeau ne se réduit pas à ces années de ministère. Fils, frère et oncle de ministres, le comte d'Argenson est un porphyrogénète. Né en 1696, il appartient à une famille issue de la noblesse d'épée tourangelle, entrée au XVIIe siècle dans la meilleure robe, celle du Conseil : son arrière-grand-père, René Ier, grand bailli de Touraine, fut ambassadeur à Venise, son grand-père René II, conseiller d'État et lui aussi ambassadeur auprès de la Sérénissime, son père, Marc-René, lieutenant général de police (1696) puis garde des sceaux de France (1718).

Avocat du roi au Châtelet en 1717, conseiller au Parlement puis maître des requêtes en 1719, Marc-Pierre n'est d'abord que l'instrument de son père : c'est la signification de son premier passage à la lieutenance générale de police de Paris en janvier-juin 1720. Après la mort du garde des sceaux, le comte entame sa véritable carrière personnelle. Nommé entre-temps intendant de Tours, il retrouve la lieutenance générale de police en 1722 et devient chancelier d'Orléans en 1723. Favori du régent, il semble promis aux plus hautes destinées, mais la mort subite de son protecteur arrête son ascension pour une quinzaine d'années. Conseiller d'État (1724), le comte entre alors dans les commissions du Conseil et s'occupe à rétablir les affaires de la maison d'Orléans, aidé en cela par le train de vie austère du nouveau duc.

Lié au roi Stanislas dès 1724, d'Argenson tient une place éminente dans la petite cour de la reine Marie Leszczynska, en même temps que le président Hénault, son meilleur ami. Le P. Combeau nous fait une peinture savoureuse et remplie de détails inédits de ce cercle de la reine que fréquentent le comte, qu'on y surnomme "Cadet", les duchesses de Villars et de Luynes, le comte de Tressan, le duc et le cardinal de Luynes et le maréchal de Gramont. Malgré son indifférence personnelle en matière de religion, le comte s'appuie sur les dévots pour reprendre place sur la scène politique.

La disgrâce de Chauvelin, en 1737, lui rouvre les portes du pouvoir. Le cardinal de Fleury le fait d'abord directeur de la librairie, place importante en ces temps où l'opinion commence de devenir une force, puis président du Grand Conseil (1738-1740), et intendant de Paris (1740). Dès 1739, le comte ambitionne la Guerre. En 1740, il quitte la chancellerie d'Orléans, signe d'aspirations plus hautes. En août 1742, enfin, le voilà ministre d'État, appelé au Conseil en même temps que l'abbé de Tencin par un Fleury finissant. En janvier 1743, au décès de M. de Breteuil, il est nommé secrétaire d'État de la Guerre, trois semaines avant la mort du cardinal-ministre.

Les premières années sont glorieuses : en 1744, son frère aîné René-Louis, marquis d'Argenson, reçoit le portefeuille des Affaires étrangères; en 1745, c'est la victoire de Fontenoy, en 1746 celle de Raucoux, en 1747 celle de Lawfeld. La même année, le marquis est disgracié, mais le comte reçoit les grandes entrées; les courtisans font le parallèle du comte et du marquis : "L'un des deux frères a eu les grandes entrées et l'autre les grandes sorties" ! En 1749, au renvoi de Maurepas, le comte d'Argenson ajoute le département de Paris à ses attributions militaires. Ministre dominant, il nourrit alors deux rêves secrets : le duché-pairie et la place de premier ministre.

"Florentin du ministère", ministre courtisan, ministre ennemi par principe des nouveautés, le comte d'Argenson ne laisse pas moins un bilan de réformes impressionnant: réunion du corps des fortifications (1743) puis de l'artillerie (1755) au département de la guerre, institution des grenadiers royaux (1744), réforme des hôpitaux militaires (1746-1747), création de l'école du génie de Mézières (1749-1750), édit sur la noblesse militaire (1750), nouveaux exercices à la prussienne (1750-1755), édit de création de l'École militaire, sur une idée de Pâris-Duverney (1751), institution des camps militaires (1753-1755), réforme du Dépôt de la guerre (1756), pour ne citer que les principales.

Avec l'âge qui vient et une goutte chronique, avec la guerre de Sept Ans, les dernières années du ministère sont plus difficiles. Proche de la reine, d'Argenson s'oppose naturellement à Mme de Pompadour. Contre elle, contre son rival Machault d'Arnouville, il mène une lutte souterraine et harassante, faite d'incidents infimes, d'espionnage ordinaire et surtout d'une attente féroce. Le 1er février 1757, c'est la disgrâce, soudaine, inattendue, définitive, et l'exil dans sa terre des Ormes. Remplacé par son neveu et adjoint Paulmy, d'Argenson lui-même en ignora toujours les raisons. Le comte a-t-il été victime d'une intrigue de la marquise ou de son incapacité à juguler la rébellion parlementaire ? Dans la préface, Michel Antoine y voit plutôt les suites de sa réserve devant l'alliance autrichienne. Le mystère demeure.
Le comte d'Argenson n'obtint l'autorisation de retourner à Paris qu'en juin 1764, trois mois après la mort de Mme de Pompadour. Ce fut pour y mourir à son tour le 21 août, à l'âge de soixante-huit ans.

Les archives de la famille d'Argenson, déposées à la bibliothèque universitaire de Poitiers, constituent la source principale du P. Combeau. Il fait ressortir toutes les richesses de ce fonds exceptionnel et en tire des morceaux d'art épistolaire qui sont d'une fraîcheur et d'une vie admirables (p. 68-70 notamment). Il puise également dans une importante collection particulière, qu'il ne nomme point, et qui recèle bien des trésors. Les dépôts publics ne sont pas négligés pour autant: les arrêts du Conseil, les papiers de la Maison du roi, les archives de l'apanage d'Orléans, celles du conseil d'Orléans, le minutier central des notaires, les manuscrits de l'Arsenal, etc., etc. Seule manque une source importante, et de taille: la correspondance générale du secrétaire d'État de la Guerre, conservée au Service historique de l'armée de Terre (sous-série A1 2971 à 3428). 450 registres de correspondance : on comprend que l'auteur ait reculé devant pareille masse. Il y aurait eu avantage, cependant, à annoncer ce parti dès l'introduction, à expliciter ce choix et à faire mention de la sous-série A1 dans l'état des sources.

Par un mouvement inverse, le P. Combeau s'est peut-être trop fié aux auteurs du temps, surtout au Journal du marquis d'Argenson, sur lequel reposent des pages entières de l'ouvrage. Or, l'aîné déteste le cadet, les exemples en abondent (p. 120-121); car Marc-Pierre, le fils préféré, que le garde des sceaux a avantagé dans la succession, nouveau Jacob d'un nouvel Esaü, réussit toujours mieux que René-Louis. Le marquis nourrit en outre une fâcheuse propension à prendre ses sentiments personnels pour l'expression de l'opinion générale. Comme le duc de Saint-Simon, mais avec une plume moins alerte, il appartient à la plus dangereuse espèce de menteurs : les menteurs sincères, ceux qui se persuadent eux-mêmes. Grâce à l'édition de Boislile, les affabulations saint-simoniennes sont le plus souvent mises au jour, en sorte qu'un historien sourcilleux devrait faire plus usage des notes du consciencieux éditeur que du roman qui les surmonte, tout délectable qu'il soit.

Le Journal d'Argenson n'a pas bénéficié de pareils soins, et le lecteur est abandonné à son seul esprit critique pour démêler l'invention de la vérité. Conscient de ce danger, le P. Combeau n'a pas tout à fait échappé à la tentation de faire usage d'un matériau riche mais à l'authenticité parfois douteuse.

La matière de l'étude est répartie en trois grandes parties: d'abord une "Vie du comte d'Argenson", récit événementiel de la carrière du personnage; ensuite, "De l'art de servir", étude de l'oeuvre du ministre dans ses grands emplois; enfin "Bâtir un patrimoine", analyse fouillée de la fortune, des terres, des maisons et des collections du comte.
Pour classique qu'il soit, ce plan n'est pas exempt de reproche: il est source de nombreuses redites, car les deux premières parties font double emploi. Il aurait été plus judicieux de former deux parties chronologiques, la première traitant des emplois du comte avant 1743, la deuxième de son rôle comme secrétaire d'État de la guerre. De la sorte, la période la plus importante de la vie d'Argenson, celle qui fait que l'on s'intéresse aujourd'hui à sa personne, serait mieux ressortie dans l'équilibre général de la composition.

Devenu de règle, il est vrai, dans les biographies savantes, l'usage d'une troisième partie consacrée à la fortune du personnage se révèle également peu satisfaisant. La construction en est presque toujours identique : héritage, mariage, budget, gestion de la fortune, testament et succession. Toujours austères et un peu rébarbatifs, ces développements statiques viennent arrêter le mouvement propre à la biographie. Ils conviennent davantage à des études spéciales, telle qu'on en a consacré aux fortunes de Sully et de Colbert. Le P. Combeau a bien senti tout cela et use de tous ses talents pour vaincre la difficulté. Ses passages sur l'architecture et la décoration des résidences parisiennes et tourangelles du comte sont du plus vif intérêt. Dans l'étude sur d'Argenson bibliophile, qui clôt la troisième partie, l'auteur apporte une contribution très nouvelle à l'histoire de la bibliothèque de l'Arsenal. Enfin, par un habile artifice, le récit des derniers moments de son héros est repoussé à la conclusion.

Le style rachète d'ailleurs amplement ce que la construction du discours peut avoir de pesant. Se moulant sur celui du comte d'Argenson, il en a l'esprit et l'ironie mordante, sous une écorce de froideur, et abonde en formules heureuses. Les esprits chagrins pourront cependant critiquer la tendance à user de tournures et même de graphies ignorées aujourd'hui du dictionnaire. Le lecteur mieux disposé y verra la marque d'une immersion dans l'époque et d'une remarquable faculté de dépaysement.

Le penchant de l'auteur, on le sent bien, va davantage à l'histoire de la Cour qu'à celle des départements ministériels et à ces "maudites signatures" qui ennuyaient tant la duchesse de Chaulnes (p. 211). Le titre le dit parfaitement: il est ici question du comte d'Argenson "ministre de Louis XV" et non du "secrétaire d'État de la guerre de Louis XV".
Avec une grande finesse psychologique, l'auteur a su brosser le portrait d'un personnalité complexe. Au premier abord, le comte d'Argenson paraît modérément sympathique: froid, secret, ambitieux, intriguant, volontiers insolent, "plein de lui et vide des autres", au dire de son frère aîné; sans autre religion que tardive et intéressée; dédicataire de l'Encyclopédie, mais assez indifférent aux Lumières; mari trompé, jaloux et rancunier : c'est l'occasion pour le P. Combeau de nous retracer le roman vrai d'un enfer conjugal.
Et pourtant, l'homme ne manque pas de grâces de toutes sortes. Une dame lui écrit: "vous êtes un séducteur et (...) on ne peut s'empêcher de vous aimer". On lui connaît force maîtresses : Mme de Reynel, la duchesse de Gontaut, la duchesse de Villars, bien d'autres encore. Il a de la facilité à tout. Puissance de travail, esprit méthodique, clarté de l'expression, affectation d'indifférence : autant de moyens de plaire à un maître aussi exigeant que jaloux de sa toute-puissance.

Si les intrigues politiques sont au coeur de l'ouvrage, le P. Combeau ne néglige pas pour autant les attributions administratives du comte d'Argenson. Décrivant les bureaux de la Guerre, le travail quotidien du ministre, ses audiences, son travail avec le roi, le rôle de Paulmy, de Belle-Isle et de Pâris-Duverney, l'auteur apporte beaucoup de neuf. Il y aurait encore matière à une étude sur le département de la guerre, où montrer comment le ministre fait mouvoir cette vaste et complexe mécanique. Mais ce serait un autre livre.

La portion la plus remarquable de l'étude est ce qui traite de la conception et de l'exercice du pouvoir et du travail gouvernemental. Continuateur de l'absolutisme louis-quatorzien, le comte d'Argenson est de ceux pour qui fixité et pérennité du régime sont les règles d'or. "J'ay naturellement de l'éloignement, avoue-t-il, pour tout ce qui tend à changer l'ordre établi depuis longtemps et il faut à mon gré des motifs bien puissants et bien décisifs pour y aplaudir". Conservateur de l'ordre immuable des choses, le ministre doit en reproduire la grandiose sérénité jusque dans ses gestes quotidiens. "D'Argenson ne travaille pas, écrit le P. Combeau, il ordonne (...) Il ne convient pas qu'un ministre paraisse laborieux". L'affectation de détachement et le goût du secret qui caractérisent le secrétaire d'État se retrouvent d'ailleurs chez le roi lui-même. C'est pourquoi de tous les ministres de Louis XV, d'Argenson est "celui pour lequel il eut le plus de goût et d'amitié" (Grimm). Aussi le portrait du serviteur révèle-t-il beaucoup de celui du maître. Jamais sans doute n'avait-on peint avec cette netteté les conceptions politiques des classes dirigeantes du premier XVIIIe siècle, les certitudes illusoires de ce "monde faussement immobile".

Plus généralement, le prix de cette biographie tient à la puissance et à la richesse de l'évocation : c'est vraiment toute une société qui revit, ses occupations quotidiennes, ses intrigues, ses plaisirs, ses décors, ses goûts et dégoûts. L'auteur voyage avec une égale aisance au milieu de la noblesse de cour, parmi les grandes robes parisiennes et dans les clientèles bureaucratiques de son héros. On se croirait dans ces grandes peintures des maîtres hollandais, où foisonnent les personnages et les détails piquants, sans nuire pour autant à l'effet d'ensemble. En bon peintre, le P. Combeau a su attraper la ressemblance d'une époque dont le pouvoir de fascination demeure incomparable.

C'est dire combien l'ouvrage du P. Combeau fait honneur à l'école d'où il est sorti comme à l'ordre où il vient d'entrer. Biographie de cour davantage que biographie de ministère, Le comte d'Argenson n'en est pas moins une grande biographie de ministre, une étude destinée à faire date, parce que, malgré la retenue de l'expression, elle est oeuvre de passion et d'admiration : passion pour les archives, qui éclate à chaque page, tout d'abord, admiration pour l'ancienne monarchie et ses grands serviteurs, ensuite, passion et admiration, enfin, pour le XVIIIe siècle, comme triomphe de l'esprit et du goût, et vrai grand siècle de la France.


Thierry Sarmant
( Mis en ligne le 08/08/2001 )
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